Ciocoii vechi si noi [Parvenus anciens et nouveaux] qu'on intitulerait aujourd'hui Anciens et nouveaux riches, n'a pas encore fait l'objet d'une traduction en français, sauf erreur de ma part. En tout cas, pas de trace officielle. Seuls quelques extraits ont été publiés. Tout le monde s'accorde pourtant à dire qu'il s'agit d'une œuvre significative en roumain, comme en français, pour risquer une comparaison, Le Rouge et le Noir de Stendhal. Nicolae Filimon fut un pionnier du roman dans son pays. Publié en feuilleton entre 1862-1863, cet ouvrage est largement inspiré de la vie bucarestoise que mena l'auteur. En fin documentariste, Filimon bâtit son projet narratif sur trois axes : un archétype universel et intemporel de l'arriviste, qu'il place dans le contexte historique de la capitale valaque à l'époque des derniers princes phanariotes et une fresque historique complexe servie par des personnages hautement individualisés. Dinu Păturică est le fils d'un ancien serviteur du postelnik (boyard de premier rang au divan seigneurial) Andronache Tuzluc. Son ascension sociale sera rapide et sans surprise, puisqu'il rentre au service du même maître. Il va déployer toute son intelligence pour dépouiller son protecteur de l'ensemble de ses biens y compris de sa maîtresse, une Grecque (dépravée et perfide?) Kera Duduca. Le portrait physique du parvenu « ancien » est tout aussi haut en couleur, à l'instar de la couverture, représentatif de tout un groupe social : vêtu d'un caftan et portant son encrier (certainement pour signer des traites) attaché à la ceinture. Le « nouveau » parvenu en revanche, porte une queue-de-pie et des gants blancs et, dans le dessein initial de Filimon, il aurait dû être le héros d'un second roman qui n'a jamais vu le jour. Trente-deux chapitres dans le domaine public cherchent traducteur !
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