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Citation de Sebastiend


Comme tant d'autres femmes françaises de sa génération appartenant à une classe socioprofessionnelle supérieure, Paule ne parvenait pas à dénicher dans son entourage ni par petites annonces sur internet d'amant à la fois capable de répondre à ses exigences physiques, sociales et intellectuelles. Relevant moi-même de cette précieuse sous-espèce, il m'aurait été très simple de lui proposer de l'inviter au restaurant le soir même, de la raccompagner chez elle et d'y passer la nuit en restant cette fois jusqu'au matin. Nous aurions préparé puis pris le petit déjeuner ensemble, je l'aurais longuement embrassée sur le pas de sa porte au moment de rentrer chez moi et je lui aurais adressé plusieurs textos d'amour, drôles et joliment tournés, tout au long de la journée et les jours suivants. De semaine en semaine, nous nous serions revus de plus en plus régulièrement, tantôt chez elle, tantôt chez moi, jusqu'à finir par nous installer ensemble et décider d'emménager dans un appartement plus grand. Nos revenus mensuels comparables, notre goût commun pour notre métier, pour les livres et les arts en général nous auraient garanti un quotidien riche en échanges et en complicité. Sur le plan sexuel, pas de problèmes non plus, nous n'avions l'un comme l'autre aucune inhibition particulière et je l'avais menée sans difficulté jusqu'à l'orgasme. Charmant et bien éduqué, j'aurais très bien pu passer pour le gendre idéal aux yeux de ses parents. À moins de quarante ans, Paule pouvait encore raisonnablement songer à faire un bébé, qu'en toute logique nous aurions fini par concevoir. J'aurais été présent à l'accouchement et, tout au long de la première année, je me serais réveillé la nuit en même temps qu'elle pour assister aux têtées. Plus tard, j'aurais déposé l'enfant à l'école le matin, je lui aurais organisé des anniversaires à la maison et je lui aurais appris à nager, à faire du vélo, et ainsi de suite jusqu'à sa majorité. Délivrés des contraintes de l'éducation, nous nous serions mis à voyager à deux, à sortir au théâtre, etc. Bref, à nous préparer gentiment une retraite paisible, épanouie et éclairée. En somme, en me montrant un compagnon à la hauteur, j'aurais donné du sens à la vie de Paule, j'aurais fait son bonheur tout comme j'aurais pu, avec les mêmes ingrédients, faire celui de millions de femmes libres et intelligentes rongées par la solitude. Mais, qu'y pouvais-je, cette perspective m'apparaissait aussi alléchante que, mettons, un voyage organisé pour un séjour all inclusive à La Grande-Motte.
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