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Citation de art-bsurde


Avant de clore ce rappel des politiques répressives mises en œuvre dans les années précédant la Grande Terreur contre un certain nombre de catégories d'individus stigmatisés, qui constitueront précisément les principaux groupes cibles des « opérations de masse » de 1937-1938, il me paraît opportun de revenir sur la question de la relation entre la Grande Famine de 1932-1933 et la Grande Terreur de 1937-1938. La relation entre ces deux plus grands crimes de masse soviétiques est complexe, indirecte, mais indéniable. Les famines, résultats des politiques d'inspiration idéologique mises en œuvre depuis fin 1929, collectivisation forcée, dékoulakisation, imposition du système kolkhozien, prélèvements démesurés sur les récoltes et le cheptel, intentionnellement aggravées, instrumentalisées et amplifiées dans le cas ukrainien pour briser la résistance nationale-paysanne ukrainienne, ont été un facteur majeur et déterminant de la brutalisation des rapports entre l’État stalinien et la société. L'arme de la faim fut une redoutable arme de guerre utilisée par le régime pour briser la résistance d'une partie de la société paysanne, ressentie comme ennemie et traitée comme telle. Expression extrême de violence et de régression, ces « man-made famines » (Cf James Mace) sans précédent dans l'histoire ont repoussé les limites du « possible », brisé des tabous – il suffit de penser à l'extension du cannibalisme et de la nécrophagie dans les campagnes affamées -, assuré une sorte de « sélection naturelle » d'un personnel politique et policier qui sera l'agent de la radicalisation paroxystique de la Grande Terreur. Totalement niée par le régime, la famine a aussi été un jalon majeur sur la voie de la fictionnalisation du discours politique.
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