Poème sans peau
- Poète, le poème est-ce une chose dure,
Un tirage de loterie. Son chant est-il
Chardonneret à tendresse si vive que le cœur pétrifie.
N'apportes-tu que piment des abeilles pour nos douleurs,
Poire d'agate dans la barque d'Hermès où s'éloigne le lord endormi?
Ouvre le poème sans peau.
Où est la vérité, où se cache la réalité,
Devines-tu les couleurs de l'aurore ?
Préfères-tu remplir le panier du corail des jardins ?
La Belle belle prend une épingle en bois
Pour tenir ses cheveux. Elle veut ôter
La peau du poème d'un sourire pointu.
Ruisselante belle qui traverse le langage
Des hommes. Comment rendre plus fraternels
Refus et caresses, retraite paisible
De la chose de beauté.
De ta mèche blonde quelques gouttes de vie sont tombées
Le poème sans peau que j'écris les a recueillies.
Ballade des larmes séchées
Extrait 1/3
Voilà qui me trouble les sens,
L’amie à chevelure rouge
A découvert d’innombrables larmes séchées
Dans un scanner astral.
Elle tourne les pages de roses bronchioles,
Écarte les branches qui montent et descendent
Des souffles du jujubier lotus.
Cours à Béziers aux quatre écluses, à la frontière de l’inconnu.
Tu cueilles les larmes et le sec
Des poumons sous les étoiles.
Lire les cieux obscurs, l’épine,
Le point final, la toile blanche. Rien n’effraye
Une prêtresse. Amère
Est la cosse recueillie par l’amie. Mais
Elle sème chaque graine recueillie.
Cours en novembre dans la nuit noire, aux frontières de l’inconnu....
Ballade des larmes séchées
Extrait 2/3
Deuil ou enfer qui saura retenir la vie.
L’amie sourit du deuil et garde l’enfer dans son poing.
Il se déploie dans ses cheveux.
Flamme brûle
La myrrhe et le laurier camphrier !
Que chantent trois cordes sur carapace de tortue
Dans l’atelier où la lumière est une hirondelle.
Cours au jardin, sur le lilas, aux frontières de l’inconnu.
Sur les braises grille le thon,
Un peu de sang a coulé sur le damier composite
Des carreaux de la cuisine.
Il s’agit de laisser ailleurs trois cordes
Sur carapace de tortue
Avec l’amie qui accueille les sèches larmes
Avec les fraîches près de la lune.
Cours vers l’étoile, vise Saturne, aux frontières de l’inconnu.
Ballade des larmes séchées
Extrait 3/3
L’impertinente joue aux billes
Avec les pleurs. Elle regarde
Chacune des larmes faire l’amour avec le désert.
Elle fait tourner les rêves dans un cieloscopie.
Ensemble nous délivrons le phénix
À la voix d’arc en ciel. L’amie à la tour grimpe
Pour éloigner les écritures maudites.
Cours à la poste, à la fontaine, aux frontières de l’inconnu.
Tiens-toi pour descendre l’escalier. Monter n’est rien,
Partir, quitter ses amis c’est n’avoir plus de rampe pour la vie.
Cours jusqu’à moi, dans le poème, aux frontières de l’inconnu.
Nous attendons un peu de pluie. Voilà qu’elle goutte.
Mille griffes flottantes
Sans maladresse jaillissent.
C’est une débandade dans les airs.
Patienter encore pour observer le démantèlement
Merveilleux.
Un petit prodige au bord du trottoir
Avec les œuvres éternelles de l’herbe.
Au détour de l’heure un simple spectacle de choses
pauvres
Qui ravit, s’attarde en nous.
Tous les jours revenir sur la place où se pousse le mot
Qui rapetasse le monde.
Je suis de la terre.
Tu es d’air.
Salut à toi hirondelle. Une étoile
luit dans la nuit de l’absent.
Toi qui écris la lune les planètes
les soleils à venir
tiens mes mains de boue
avec tes ailes d’ange.
Quand la nuit de noires tendresses
Ma poitrine oppresse,
Je monte la route de Campodimele. J’échange des mots
Avec les résédas.
Des images de rêve
Me font avancer. Étagères de vignes. Fontaines
Cristallines. Aspirations Délices,
Délices.
C'est un chemin où
personne ne rencontre personne.
Francis Bacon et Vincent Van Gogh
soudain ont un toucher
sur ma main. Ils tendent un pinceau.
Offrir un mot pour eux
dans une torche en feu.
Sans papiers deux hirondelles.
Serveuse du Bar
appelé – NON –
j’avance parmi les lions et les scorpions.
J’apporte poignées de mots
sur un plateau d’air
à mes voisins
proches lointains
Encore vivants.