Nicole Maria Brisch

N'envisager les textes littéraires sumériens que comme des moyens de légitimer un pouvoir dominant, et donc politiser tous les écrits littéraires, est, à mon avis, réducteur. Inversement, ignorer la fonction remplie par ces textes dans la société est tout aussi trompeur. Comme l'écrivait Raymond Williams :

Si l'on nous demande de croire que toute littérature est "idéologie", au sens élémentaire du terme, que son intention dominante (et donc, notre unique réponse) est la communication ou l'imposition de leçons et de valeurs sociales et politiques, nous ne pouvons, en fin de compte, que nous en détourner. Si l'on nous demande de croire que toute littérature est "esthétique", au sens élémentaire du terme, que son intention dominante (et donc, notre seule réponse) est la beauté du langage et de la forme, nous resterons un peu plus longtemps mais à la fin, nous nous en détournerons aussi. (Raymond Williams, Marxisme et Littérature, Oxford, 1977).

Espérons que la présente analyse montrera à la fois la beauté de la littérature de cour de Larsa, l'une des plus anciennes littératures du monde, sans perdre de vue son contexte de base et sa fonction.

Préface p. 7