Silence. Silence opaque, sans couleur, des dérives
océanes. Mouvement sans mémoire, sans commencement
ni fin qui menace encore l'enfant qui roule, glisse, sombre
‒ elle n'en finit pas de sombrer ‒ dans l'ombre de cette
masse nocturne où à son tour, elle devient ce silence, cet
abîme. Et cette masse qui, à nouveau, à grand fracas, la
presse, la serre, la broie, la pousse puis, enfin se sépare
d'elle, et s'enfuit par son nez, par sa bouche, ses oreilles. Et
toutes ses cellules qui, dans un violent tumulte, explosent,
tourbillonnent, éclatent, reviennent, traversent, investissent
une deuxième fois cette peau, ce corps, parcelle de vie que
la mer finalement rejette – dépose ? – exsangue sur le sable.
Avec le bruit, le froid. Glacial. Et le retour de la mémoire.
Insoutenable. Terrifiante comme ce cri qui la chasse.
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