(50) S'agissant de leur héritage, je diviserai les Grecs en trois catégories : les conscients, les semi-conscients et les inconscients.
(53) Les seconds (les plus nombreux) n'ont pas un savoir de première main. Ils ont "ouï dire". Ils sont comme les fils du célèbre philosophe, dont ils ne peuvent comprendre les oeuvres, mais qui se rendent compte que les connaisseurs les honorent et leur attribuent des prix. Cette célébrité les gêne, mais elle les flatte aussi. Ils s'en vantent toujours quand ils en parlent à d'autre.
(57) Cela dit, c'est l'écrasante majorité des semi-conscients qui, animés par leur complexe caché - mais permanent - d'infériorité vis-à-vs des Grecs anciens, détermine l'attitude et le style de toute notre société.
Le conflit sous-tend l’identité du Grec, le rend incertain et changeant. Il est divisé entre son glorieux passé et son présent de misère, sa mentalité orientale et son aspiration européenne – écartelé entre d’un côté les forces de la tradition et de l’autre celles de la modernité »
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Cette « contradiction intérieure » née déjà de la difficulté de concilier hellénisme et christianisme, semble être son destin.
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Mais comme il est Grec, il ne peut s’empêcher de préciser malicieusement que ce bonheur est « le bonheur du malheur d’être Grec »
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Il est vrai que ce pays est si beau que par moments cette beauté pèse sur notre âme, un peu comme l’ombre de nos ancêtres.
Contrairement aux animaux, l'homme a des désirs " de nature et de position " non réalisables. Il désire ardemment l'immortalité. Tandis que sa seule certitude concernant son avenir est qu'un jour il mourra.
(dans "Du malheur d'être humain")