Nuala Ní Dhomhnaill

Mélusine

Elle est toujours propriétaire de
la maison dans laquelle je vis
et de tous ses morceaux.
Un château solitaire au bord d'un lac
avec une immense baignoire
au milieu de la chambre.

Elle y passe toute la journée
tous les samedis, prenant ses aises
, se détendant et jouant
dans l'eau tiède, plongeant profondément
et la faisant à nouveau se briser sur elle.

« S'il y a un défaut ou une déformation
sur chacun de mes enfants,
c'est ce qu'il est. Je suis bon avec ça.
Je ne leur en veux pas,
mais c'est quand même une grande source d'étonnement pour moi
qu'ils aient réussi à naître.

Elle avait raison. Je pense que nous avons été sages de
ne pas l'interroger de plus près.
Heureusement pour nous, aucun d'entre nous n'a pensé
à sonder plus profondément
dans l'intérêt de la vérité.

Derrière chaque point à résoudre
se cache une impulsion indiscrète. Derrière le fait
se cache un mensonge. Sous le parquet
gisent les ancêtres,
gémissant et grinçant des dents.

Et qui sommes-nous pour savoir ce qui leur est réellement arrivé ?
Comment savoir quelles pressions ils subissaient ?
Comment comprendrons-nous jamais l'exploit héroïque
qu'il lui a fallu pour lutter pour s'en libérer ?