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Citation de RuhaudEtienne


Le cabinet des batailles, cuirassé de miroirs, rend la guerre interminable; des reflets grimpent, tourbillonnent, dansent contre les parois, un soldat tué sort comme d’un candélabre de sa mort; de tous les points de dispersion, les membres se rassemblent et restaurent le corps; la lance brisée, l’égide percée coulant en son milieu, le côlon de pierre se régénèrent; le sans collé, les forces perdues des chevaux rampent jusqu’à la moelle épinière; sur le plancher, les yeux d’équidés ont roulé, sans retrouver leurs lobes, leur licol d’origine, des mains gémissent, des bouts de soleil sont passés par la lame, des cors flambent au pavillon, des destriers masqués courent à corps perdu, sans idée de retour, sur la mer; le gel des miroirs coupant court à la respiration d’un soldat nage à ses côtés; de toute part, les événements, les leçons du temps se regardent comme s’ils étaient des objets; le champ de guerre dépose sur les fronts les étoiles, sur les langues, le sel chaulé de leurs branches; le ciel s’obscurcit, mais les oiseaux, les poissons rendent les débris des cadavres afin que tout recommence (p. 92).
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