Olivier Saison

Encore une évocation de David Lynch pour présenter un livre, les éditeurs et critiques en usent avec facilité dès qu’il s’agît de plonger dans le bizarre… pas toujours de manière heureuse…

S’il me fallait également employer une comparaison cinéma, je choisirais plutôt un Quentin Dupieux ayant quelque peu forcé sur les effets de caméra.

Mais utiliser ici cet outil de description n’est pas des plus adaptés…

…

Qu’est ce que c’est ?

Bah une forme d’épopée fantastique, délirante, à l’écriture sophistiquée, sans grand sens de la logique, mais avançant pleine bourre jusqu’au bout.

Je ne sais pas bien quoi en penser.

C’était assez agréable, et c’est probablement ça le plus important.

…

L’édition originale au Serpent à Plumes est sûrement un plus bel objet que sa suivante chez Cambourakis.

Mais personne ici n’en avait parlé avant ce jour.

Je suis bien conscient que cette médiocre critique n’aidera pas beaucoup pour essaimer ce nom.

Il y a des jours où je me sens un peu comme Knut.

Cette dernière phrase ne sert à rien.

Étrange roman que ce Sade à Acapulco, qui imagine la vie du marquis honni après Charenton. Sade aurait embarqué pour l'Amérique et se serait installé à Acapulco, où il serait devenu propriétaire d'une librairie, joliment nommée Les Marquises. L'homme de tous les excès semble assagi. Vidé, plutôt, du feu des passions, usé par trop de folie et de rage, désormais résigné à une sorte de vie tranquille. Un philosophe en son jardin... Mais c'est sans compter sur une Européenne à l'esprit indéniablement sadien qui, avec entêtement, rappelle au vieil homme son existence passée. La ressuscite.

L'auteur peint un monde puissamment terrien, où la nature et les êtres sont entêtants, chargés de sève, de vie, de désir. La destruction n'est jamais loin, la mort non plus. Dans un style ciselé, Olivier Saison crée un univers à la fois foncièrement matériel et bizarrement onirique, où le lecteur est happé, à l'image des personnages. La fureur et le bouillonnement de la nature, aussi séduisante qu'impitoyable, semblent refléter, magnifier ceux qui agitent les âmes et les corps, à la manière romantique.

Manifestement fin connaisseur du Marquis, dont il renouvelle brillamment la légende, l'auteur signe une œuvre remarquable qui cependant, j'en suis certaine, suscitera des réactions contrastées, pour ne pas dire violentes. Et c'est tant mieux, Sade ne saurait se contenter de tiédeur !

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