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Critiques de Otto Dix (1)
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La Guerre: L'intégrale des 50 eaux-fortes

« Otto Dix ? De l’art dégénéré ! » vous aurait dit tout « bon » nazi qui se respecte à propos de ce peintre allemand, engagé volontaire dans la Première Guerre mondiale, où il va découvrir la décomposition des corps et des âmes.



Comme il est un peintre et graveur prodigieux, il témoignera de manière unique, nul autre artiste n’ayant à ce point figé en images l’abomination guerrière de 1914-1918. Ce qui donnera notamment un triptyque édifiant, Der Krieg (La Guerre), conservé à Dresde et inspiré du Retable d’Issenheim, de Grünewald. La Crucifixion du Christ étant alors remplacée par le martyre des soldats.



Dix réalisera aussi une série de 50 estampes, intitulée elle aussi Der Krieg, dont la France possède un jeu complet, exposé à l’Historial de Péronne, ville de la Somme ravagée par les combats de 1916.



En visite à Péronne, j’ai pu « admirer » ces estampes, dont je n’en connaissais que quelques reproductions dans les livres. C’est le témoignage artistique le plus percutant qu’il m’ait été de voir sur 1914-1918. Percutant comme des balles de mitrailleuses, des éclats d’obus…



Dix y exprime toute l’esthétique sidérée de l’horreur : horreur illustrée avec un soldat en putréfaction ou cette femme devenue folle parce qu’à ses pieds gît son bébé tandis qu’elle se tient le sein, les yeux exorbités, « La folle de Sainte-Marie-à-Py, Champagne ». Le « Mort (Saint-Clément » n’est pas plus beau à voir mais, comme tout le reste, il est authentique, contrairement à ces morts idéalisés par la propagande dans une gloire à laquelle seuls ceux qui n’ont pas connu le feu peuvent encore croire. Dix n’hésite pas non plus à montrer le goût de la tuerie, notamment avec « Un commando attaque un poste de tranchée ». Il raconte enfin l’arrière, les prostituées, les beuveries de soldats, c’est-à-dire tout ce qui permet d’oublier pour un temps le front.



Plus généralement, l’œuvre de Dix ressemble à une tragi-comédie, proposant souvent des toiles dérangeantes et fascinantes à la fois. Je pense au Portrait de la journaliste Sylvia von Harden, ou à Souvenirs de la galerie des glaces à Bruxelles, deux toiles conservées à Beaubourg.



Toutefois rien de comparable avec les gravures de Der Krieg où nous « contemplons », attirés et dégoûtés à la fois, un « Crâne », dévoré par les vers, représentation de notre avenir charnel à tous, au passage. « La guerre, c’était une chose horrible et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l’homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. », confiera plus tard l’artiste, désirant représenter la guerre pour la conjurer, l’extraire de lui-même.



Sur le plan technique, « pour réaliser Der Krieg en 1923-1924, [Dix] puise dans ses souvenirs, dans les croquis exécutés au cours du conflit, mais s’inspire aussi de nombreuses photographies. » Quant au choix de la gravure à l’eau-forte, celui-ci permet des résultats nettement plus expressifs. Ainsi, non sans rappeler certaines œuvres de Goya, le « Cadavre de cheval » ou « Un blessé », ont un caractère visuel très fort.



Parfois, Dix nous montre la banalité de la mort, comme avec ce soldat qui mange à côté d’un cadavre : « Repas dans la sape ». Ailleurs c’est l’irréalité qui prédomine, comme dans cette « Danse macabre, année 17 (Mort-Homme) », où des cadavres semblent danser dans les barbelés qui les ont emprisonnés. Dévastés, les paysages n’ont plus aucune identité reconnaissable. On peut être dans les Flandres ou en Champagne, ils se ressemblent tous une fois détruits.



Cependant, cette édition impeccable de Galimard, si réussie soit-elle, ne peut se suffire à elle-même. Il faut aller à Péronne pour voir, dans une scénographie sombre et à la fois lunaire, ces cinquante gravures de Dix, conservées dans un musée lui-même portant les stigmates de la guerre…













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