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Critiques de Pascal Ménoret (2)
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Royaume d'asphalte

« Comment peut-on être saoudien ? ». Chacun ou presque a aujourd’hui son opinion sur la politique qu’il conviendrait de mener avec l’Arabie saoudite. Les plus réalistes estiment qu’il s’agit d’un pôle de stabilité dans un environnement régional troublé ; les moins cyniques s’alarment au contraire du soutien aveugle apporté par l’Occident à un des régimes les plus rétrogrades au monde. Mais qui connaît l’Arabie saoudite ? Si, depuis l’arrivée au pouvoir du roi Salmane en janvier 2015 et la sombre guerre de succession qui se joue déjà autour du monarque octogénaire, la gérontocratie qui la gouverne éveille désormais la curiosité, la société saoudienne demeure opaque à l’observateur étranger. Publiée en 2011 aux éditions Dalloz, la thèse de Amélie Le Renard « femmes et espaces publics en Arabie saoudite » levait le voile sur le sort fait aux femmes. C’est aux hommes que Pascal Menoret s’intéresse.



Il le fait par un biais surprenant et a priori déroutant : l’étude des rodéos urbains auxquels se livrent les jeunes marginaux de Riyad pour échapper au sentiment d’ennui (tufush) qui les submerge et pour manifester leur colère contre l’étouffante répression. Il ne faudrait pas réduire le « Saudi drifting » à une déclinaison moyen-orientale de « Fast and Furious ». Les conducteurs qui s’y adonnent sont plus souvent des bédouins lumpenprolétarisés que des enfants de sheikhs ; les voitures qu’ils utilisent sont des berlines japonaises, pas des voitures de sport customisées.

Dans une « ville sur autoroute », déshumanisée, sans centre géographique, convertie au tout-automobile, les jeunes essaient de se réapproprier un espace dont ils se sentent exclus. Dans un pays d’où toute forme d’expression politique est bannie, où le clientélisme règne en maître, où la surveillance policière est omniprésente, où la séparation sourcilleuse des genres exacerbe les frustrations, les jeunes qui veulent mal se conduire conduisent mal. Les pilotes ne se contentent pas de faire crisser des pneus. L’alcool et les drogues s’échangent (le captagon est la plus répandue). Les tabous sexuels sont violés. Le monde des rodéos renvoie « l’image macabre et inversée de la société saoudienne » (p. 191)



Pascal Menoret a d’abord publié son livre en anglais chez Cambridge University Press en 2014. Profitant d’une résidence d’écrivain, il l’a traduit dans notre langue et publié en France. S’il reprend une partie de la thèse d’histoire qu’il a soutenue en 2008 à Paris-I sous la direction de Nadine Picaudou, sa démarche est volontiers interdisciplinaire. Elle emprunte moins à l’histoire qu’à l’urbanisme. Pascal Menoret a exploité les archives personnelles de l’architecte Constantinos Doxiadis qui, au début des années 70, a entrepris la rénovation urbaine de Riyad, essayant, comme Le Corbusier à Chandigarh ou Niemeyer à Brasilia, de forger la « ville du futur », mais se heurtant aux intérêts patrimoniaux des sheikhs.

Mais c’est surtout à l’anthropologie – qu’il enseigne désormais aux Etats-Unis – que la démarche de Pascal Menoret est redevable. Il relate ses deux années de terrain à Riyad à la première personne du singulier, sans hésiter à évoquer les difficultés qu’il a rencontrées. C’est que la société saoudienne ne se laisse pas pénétrer facilement. Pascal Menoret raconte avec beaucoup d’humilité la méfiance qu’il a suscitée à raison de ses origines – il n’est pas musulman et était suspecté d’être un espion – et les résistances qui lui ont été opposées – il a dû renoncer à enquêter dans les tribus bédouines du Haut Najd pour se concentrer sur les réseaux informels de la capitale. Au-delà de ce qu’il nous apprend sur la société saoudienne, son livre est un modèle de recherche en anthropologie politique.
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L'Arabie : Des routes de l'encens à l'ère du pétr..

J'ai été très intéressé par ce court ouvrage de la collection découverte Gallimard sur l'histoire de l'Arabie. Les pages sur l'histoire ancienne sont instructives, mais j'ai surtout été passionné par l'histoire récente du pays, sur laquelle je dois dire j'étais plutôt totalement ignare. Le pays est parfois loin de l'image que l'on peut en avoir et l'auteur démontre une très grande proximité avec son sujet, jusque dans des annexes proposant des extraits de livres d'auteurs arabes traduits par ses soins.

Les photos sont également bien choisies, telle celle figurant dans l'introduction montrant tout à la fois une femme voilée et des hommes se tenant la main.

L'auteur, particulièrement critique, montre notamment que la question des femmes sert de trompe-l'oeil à un régime qui, occidentalisé brutalement, instrumentalise l'oppression des femmes pour témoigner de sa fidélité à une certaine vision de l'islam. Cela fait vraiment réfléchir. On apprend également, et c'est l'un des thèmes de recherche de l'auteur, que la société saoudienne est particulièrement divisée et manifeste son désaccord par des formes spécifiques de délinquance.

Un livre riche et instructif malgré un volume restreint !
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