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Citation de Charybde2


Ce matin, je suis assis dans le métro face à une jeune femme qui se maquille. Je détourne le regard, agacé par ces gestes intimes et légèrement vulgaires, cette façon de lever à peine le menton et d’entrouvrir les lèvres pour en dessiner le contour avec un crayon, d’en colorer la pulpe au pinceau puis de les presser en un obscène simulacre de baiser. Elle prend son temps, en s’aidant d’un minuscule miroir de poche qu’elle tient entre nous, et les coups de frein ne font pas trembler sa main. Je détourne le regard, en effet ; mais non sans l’avoir d’abord observée à loisir, entre désir et répulsion. Avant de maquiller ses lèvres, elle a poudré son visage d’une main experte, d’abord avec un pinceau, puis avec une petite éponge dont elle a caressé son front, l’arête de son nez et son menton. Ensuite, elle a tracé un long trait noir sur ses paupières et épaissi ses cils d’un geste patient avec une petite brosse à mascara, aboutissant à ce que ma mère appelait un regard de gitane. Tous ses accessoires d’ensorceleuse, elle les tire d’une petite pochette en velours pourpre, nichée dans son sac béant posé sur ses genoux : entre rouges à lèvres et crayons, poudriers et pinceaux, les tubes de coton irisés de deux tampons accrochent la lumière. (« Vernis à ongles »)
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