Ceux qui nous ont donné la vie vont la perdre. Il est difficile de se reconnaître en eux, de s'y retrouver, d'apprécier l'ultime échange ; difficile de saisir cette main tendue dans la nuit, par-delà les générations, d'être réellement partie prenante de ce passage à la limite.
(…) Parfois le départ est avancé d'une heure ou de vingt ans, ce sont les imprévus de l'histoire. La mort frappe dans le blanc, au hasard des virages, surprend le conducteur ébloui. Ligne droite, ligne courbe, plaque de verglas. A l'occasion d'un retour de vacances, elle vous arrache au monde, à ses discours de surface, ses certitudes, soulevant tout autour un épais brouillard de glace. Après seulement, commence la vie fragile, la vie de ceux qui restent