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Citation de Stephbegala


Soudain ,un grand coup au cœur!Fonck s aperçoit qu il s est trompé.Ce sont trois biplaces!Meme les deux qui assurent la protection!Ce sont des petits appareils de combat,d un modèle tout nouveau,comme Fonck n en a encore jamais vu!Et il a été découvert!Les mitrailleurs sont debout,la crosse à l épaule,attendant pour ouvrir le feu qu emporté par son élan il passe derrière eux dans le meilleur champ de tir!
Trois biplaces groupés....La donne et donc le combat sont totalement différents.Que va faire Fonck,qui ne dispose que de quelques millièmes de seconde pour se décider?
Retrouvons Chambe,ici la plume de Fonck:
L œil rivé au collimateur,il voit s inscrire dans le disque lumineux d abord le premier des petits biplaces,celui de l aile gauche,dont il est le plus près,et un peu plus loin,rigoureusement sur le même axe et à la même hauteur,le second,celui de l aile droite.Ils sont dans le prolongement exact l un de l autre.Quand au Rumpler,il ne peut plus le voir,mais il le sait présent.Au dernier instant,il lui a semblé amorcer un virage comme pour revenir vers les lignes allemandes.
Il est seize heures vingt.Dans le collimateur,les trois croix noires ont démesurément grandi.Elles envahissent tout le champ.Le premier avion est à cent,soixante,quarante mètres.Gare à la collision!un éclair!une vision!Les têtes casquées,les visages roses des allemands!A les toucher !
Tout va extrêmement vite.Fonck a pressé la détente.Les balles traçantes ont jailli!Le SPAD saute littéralement le premier allemand....ses roues l effleurent même.Et immédiatement derrière,le second!Les vickers crachent à nouveau le plomb!Deuxieme saut de mouton!Du sport,diraient les anglais!Du jumping!Du steeple-chase!
Fonck prend le large,coup de pied à gauche sur le palonnier,manche à gauche,lui aussi.Le SPAD gémit de toutes ses membrures,l aile gauche plantée vers la terre,la droite piquée vers le ciel.Les oreilles du pilote sifflent à l aigu et sa gorge est sèche,prise,nouée.Il attend les tirs des allemands,.Rien....Où sont ils?Il jette un œil....Ils sont là,plus bas:le premier descend droit vers le sol,une aile cassée,le plan arraché,le fuselage tournant sur lui-même!La place du mitrailleur est vide et l arme ballotte....plus trace de l homme,le malheureux....Où est l autre?Là encore en l air,mais cabré vers le ciel et traînant derrière lui un panache de flammes.Cela ne dure pas:il plonge à son tour,de la fumée noire se mêlant à l orange du feu!
Et le troisième?Fonck Le croit aux prises avec ses camarades....il n en est rien.Le gros Rumpler tente de se faire discret et file,si l on peut dire à l anglaise,décrivant une courbe en mettant comme il peut,le cap vers les lignes allemandes.Cinq cents mètres le sépare de Fonck ,qui lance son moteur à plein régime:deux mille deux cents tours!Il va tout droit,coupant la route au Rumpler,qui est en plein dans sa courbe.Fonck,en amateur,admire la belle silhouette de celui qui va mourir:avion moderne,assez gros,peint en jaune pâle,où se détache nettement,presque artistiquement,les croix noires;à bord,il y a certainement l équipement photographique et l armement dernier cri.Pas le temps d admirer plus longtemps.D autant plus que l observateur mitrailleur a vu le SPAD et braque sa mitrailleuse,prêt à faire feu.Fonck a pris sa décision:attaque par en dessous pour frapper sous le gros ventre.Il plonge,se retrouve dessous à cent mètres.Le mitrailleur ne peut plus le voir car il est sous ses plans.Le pilote allemand est habile,il amorce des changements de direction successifs,pourtant délicats avec un appareil aussi lourd.Qui permettront à l observateur de revoir le SPAD pour l instant caché.Fonck tire sur le manche,l œil au viseur.Le SPAD se cabre,tel un cheval de chasse,se redresse,presque debout.A quinze mètres,à toucher......le Rumpler montre ses moindres détails,y compris son ventre constellé de taches d huile.Les mitrailleuses lâchent leurs guêpes d acier incendieres qui s enfoncent droit dans le réservoir!Une énorme explosion!Fonck a dégagé un extremis,virant à la verticale,ce qui l eloigne du drame.Vision terrifiante,le pilote voit passer devant ses yeux le corps du mitrailleur,vêtu d’une veste de cuir noir,botté de cuir,qui tombe à l horizontale,membres écartés,agités de mouvements convulsifs et désespérés.Le Rumpler,les ailes repliées,le fuselage disloqué,entouré de multiples débris de toile,de bois et d acier,plonge vers le sol,sur Givresnes,vers les tranchées.....françaises?allemandes?
Fonck n en sait rien et ferme un instant les yeux,horrifiés par cette vision.
Il est seize heures vingt et une.
En moins d’une minute (officiellement quarante-cinq secondes),trois ennemis abattus,trois victoires .Du jamais-vu.
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