Paul Budry

A la pêche aux écrivains suisses suisses suisses,

J’irais encore Maman…



Rencontre avec une nouvelle plume issue de cette belle terre du canton de Vaud. Là où se trouvent la belle Lausanne, Vevey et sa célèbre fête des vignerons qui n’a lieu que tous les vingt-cinq ans… Une terre de vignobles et de fromages de montagnes parfumés, qui a également vu naitre de grands écrivains, dont le moins oublié est sans conteste le grand Ramuz. Paul Budry était l’un de ses amis. Il était aussi critique d’art, et l’âme de la principale revue littéraire suisse romande. Partons à sa rencontre.



Ce livre est composé de deux textes. Le premier, ‘le Hardi chez les vaudois’, n’est pas des plus faciles d’accès. Il m’a fallu un bon moment pour comprendre que le Hardi en question n’était pas n’importe quel hardi, et qu’en fait il n’était pas Hardi mais Téméraire. Car il s’agit en effet d’une sorte de récit dans un style rabelaisien de la guerre qui opposa au XVIème siècle le duc de Bourgogne Charles le Téméraire à la confédération Suisse, qui ne comptait alors que huit cantons (contre vingt-six aujourd’hui). Dans un style fleuri et jargonnant, tout boursouflé de mots plus ou moins inventés pour renforcer une sonorité et créer un effet comique, Budry raconte le saccage du canton de Vaud (alors au duc de Savoie, allié du Téméraire) par les Bernois, puis la suite de la campagne jusqu’à la défaite de la Bourgogne.



Le deuxième texte est totalement différent, et raconte leur voyage à travers le Massif Central avec ses amis Ramuz et le peintre Henry Bischoff. Il s’intitule donc ‘trois hommes dans une Talbot’, en référence évidemment au célèbre ‘Trois hommes dans un bateau’. Heureusement pour eux leurs démêlés sont beaucoup plus paisibles, et impliquent peu de déboires et beaucoup d’excellentes expériences culinaires. Les trois deviennent quatre quand ils sont rejoints par le grand écrivain Henri Pourrat, auteur de ‘Gaspard des montagnes’ et père de la littérature régionaliste, alors au fait de sa gloire. Il n’est pas un instituteur d’Auvergne qui ne leur ouvre sa table et son petit musée de curiosités à la simple annonce de son nom. Le style est extrêmement fin et élégant, bourré de second degré et d’humour – et de quelques piques pleines de fausse jalousie envers la célébrité de Ramuz, très supérieure à celle de ses coéquipiers.



Assez curieuse découverte plutôt destinée aux lecteurs les plus curieux, de ceux qui aiment un peu à voir le monde des lettres de l’intérieur. Ces écrivains sont des gens comme nous, au final. Mais pas tout à fait.