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Citation de SZRAMOWO


Pièce numéro 1.
(Anonyme, écriture contrefaite.)
Monsieur Lucien Thibaut, juge au tribunal civil d’Yvetot.
(10 septembre 1864.)

Monsieur,
Généralement, on ne tient aucun compte des lettres qui n’ont point de signatures. C’est peut-être un tort.
Il y a deux sortes de lettres anonymes.
Il y a celles où un être dépourvu de dignité et de courage veut insulter ou calomnier sans danger.
Il y a celles où une personne faible et désarmée, n’ayant rien de ce qu’il faut pour braver des risques considérables, prétend néanmoins rendre service à un ami en le prémunissant contre des éventualités qui peuvent briser sa carrière et gâter sa vie.
Je vous supplie de bien croire que la présente communication appartient à la seconde catégorie.
Elle vous est adressée sans esprit de haine ni méchante intention par quelqu’un qui vous veut du bien et qui s’intéresse à votre honorable famille, mais qui désire ne point se compromettre.
Vous êtes, monsieur, sur le point de faire une folie : une de ces folies qui ruinent tout un avenir.
La jeune personne à qui vous voulez donner votre nom n’est pas digne de vous.
Elle n’est digne d’aucun honnête homme.
Sans parler ici de sa famille, des aventures romanesques de madame sa mère, ni des malheurs de monsieur son père, il est certain que cette intéressante orpheline peut bien servir de passe-temps à quelque joyeux étourdi, mais qu’un homme sérieux ne saurait l’admettre à l’honneur de fonder sa maison.
Songez aux enfants que vous pourriez avoir et qui rougiraient de leur mère !
Ses amants ne se comptent plus, bien qu’elle sorte à peine de sa coquille.
Je n’aime pas les énumérations, je n’en citerai qu’un seul, auprès de qui vous pourrez vous renseigner si vous voulez, c’est votre ancien camarade de collège, M. Albert de Rochecotte.
Je n’ajoute qu’un mot :
Si la mère de la donzelle a essayé de vous monter la tête autrefois avec la fabuleuse succession du fournisseur, rayez cet espoir de vos papiers.
C’est une pure fable.
Il n’y a rien, rien, rien – qu’une demi-vertu qui veut faire une fin.
Je vous salue, regrettant le chagrin que je vous fais, mais avec la satisfaction d’avoir rempli mon devoir.
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