Impitoyablement la vengeance s’exerce, le châtiment est appliqué, mais sournoisement : l’opinion publique n’aura pas lieu de s’émouvoir. Les moyens de mise à mort sont naturels : malaria et dysenterie font à bon compte les ravages des chambres à gaz. Il suffit de soumettre le prisonnier à un travail au-dessus des forces humaines, de lui supprimer tout secours médical, de ne lui accorder qu’une nourriture insuffisante : c’est assez. En quelques semaines, quelques mois au mieux, il est aux portes de la mort. Les rescapés des camps de la Kampétai [Gestapo japonaise] à Hoà Binh en 1945 en savent quelque chose. L’océan vert, la jungle, dévorent tout : les cris de souffrance et d’agonie, puis les cadavres eux-mêmes.