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Citation de enkidu_


L'angoisse s'efforce de se changer en crainte, parce-que la crainte peut être affrontée avec courage. Il est impossible à un être fini d'affronter l'angoisse nue plus longtemps qu'un court instant. Ceux qui ont eu l'expérience de tels moments, par exemple certains mystiques dans leurs visions de la « nuit de l'esprit », ou Luther sous le désespoir des assauts démoniques, ou Nietzsche-Zarathoustra dans l'expérience du « grand dégoût», ont parlé de son inimaginable horreur. On esquive habituellement cette horreur en transformant l'angoisse en crainte de quelque chose, quelle qu'elle soit. L'esprit humain n'est pas seulement, comme l'a dit Calvin, une fabrique permanente d'idoles ; il est aussi une fabrique permanente de craintes : la première pour échapper à Dieu, la seconde pour éviter l'angoisse. Et il y a une relation entre les deux, car faire face au Dieu qui est vraiment Dieu veut dire faire face aussi à la menace absolue du non-être.

L'« absolu dans sa nudité » (pour employer une expression de Luther) engendre l'« angoisse nue», car elle est l'abolition de toute affirmation de soi finie et non pas un objet possible de crainte et de courage (voir les chapitres V et VI). Mais ultimement, les tentatives pour transformer l'angoisse en crainte sont vaines. On ne peut éliminer l'angoisse fondamentale, l'angoisse d'un être fini devant la menace du non-être. Elle appartient à l'existence elle-même. (p. 32)
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