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Critiques de Pauline Leet Pittenger (2)
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Sexisme, le mot pour le dire !

Sexisme, le mot pour le dire !, paru cette année aux éditions iXe, est un tout petit livre de 13 cm sur 10, 85 pages, mais un tout petit livre plein d’intelligence. Encadré d’une préface de Sarah Gurcel Vermande et d’une postface de Pauline Leet Pittenger, il contient le discours prononcé par cette dernière le 18 novembre 1965 devant les étudiants de l’université non-mixte de Lancaster en Pennsylvanie. Ce discours est célèbre car il est l’un des premiers à utiliser le nom de « sexiste ».



Dans sa préface, Sarah Gurcel Vermande nous explique comment elle a été amenée à s’intéresser à ce discours et apporte des informations sur l’autrice et les conditions dans lesquelles ce discours fut rédigé. Elle évoque les autres utilisations de ce terme, notamment par le Français Emile Servan-Schreiber quelques mois plus tôt, ou encore présente quelques chiffres intéressants sur la place des femmes dans les arts qui ne sont pas des plus positifs. Elle nous laisse ensuite avec les mots, « des mots joyeux », de Pauline Leet.



Ce discours est à la fois très fin, très intelligent et plein d’humour. Il est émaillé de poèmes de William Butler Yeats, d’Emily Dickinson et d’Edna Millay. Je ne disserterai pas sur la poésie car je n’y connais rien et je suis rarement touchée par ce genre littéraire, je l’avoue. Toutefois, j’ai bien compris leurs propos et le pourquoi de leur présence ici.

Elle explique que, étant privés de toute présence féminine, ne pouvant discuter avec des femmes et se rendre compte que, oui, elles ont un cerveau dont elles savent se servir et qu’elles ne sont pas que chair fraîche à disposition pour leurs sorties dominicales, ces étudiants seront handicapés une fois lâchés dans le monde mixte, « non ségrégué », car ils ne sauront se comporter correctement avec les femmes. Et ils ne connaîtront jamais rien de leur vision du monde, de leur expérience du monde car ils ne reçoivent, à travers la littérature notamment (Pauline Leet s’en prend spécialement à une anthologie de poésie étudiée en classe qui ne présente – à l’exception d’Emily Dickinson – que des poètes masculins), que le point de vue masculin qui est le leur. Finalement, leur vie dans un ghetto masculin risque de leur être néfaste, à eux et pas seulement aux femmes qui croiseront leur chemin.

Elle critique également les magazines masculins comme Playboy et féminins qui considèrent les femmes comme des objets. Elle redoute les dégâts que ces publications à la « langue insupportablement mièvre » peuvent causer en donnant une vision erronée des hommes, des femmes, des rapports hommes/femmes ou des relations amoureuses.



La postface de Pauline Leet propose un tour rapide et – disons-le – assez superficiel de la situation des femmes cinquante ans plus tard. Je ne dis pas qu’elle dit des choses fausses, mais elle ne donne pas de chiffres, elle aborde simplement par quelques exemples la place des femmes dans l’éducation, dans les gouvernements, dans les médias (dont elle dénonce l’influence néfaste) ou encore dans le sport (notamment au sujet des tenues, bien souvent plus suggestives pour les femmes que pour les hommes).



D’autres auteurs sont cités dans la préface comme Fanny Raoul ou Caroline Bird. Voici quelques citations de ces dernières.

La première écrivait en 1801 qu’« il est remarquable de voir les philosophes […] proclamer la liberté des nègres, et river les chaînes de leur femme, dont l’esclavage est pourtant aussi injuste que celui de ces malheureux ; reconnaître ce dont on n’eût jamais dû douter, que les uns sont, ainsi qu’eux, sortis des mains de la nature, lorsqu’ils semblent oublier que les autres soient son ouvrage. L’idée d’assimiler les femmes aux Noirs pourra paraître étrange ; mais si cette comparaison est singulière, elle n’est au moins pas dénuée de justesse. »

Quant à la seconde, elle explique le sexisme ainsi : « Le sexisme, c’est juger les gens selon leur sexe quand le sexe n’importe pas. Sexisme est fait pour rimer avec racisme. Les deux ont permis à ceux qui détenaient le pouvoir de le garder. Les femmes sont sexistes aussi souvent que les hommes. »



Difficile de résister à l’envie de partager avec vous tout le discours de Pauline Leet, ce texte qui, bien que très court, combine à merveille pertinence et humour. Un regard en arrière sur le mot qui permet de réfléchir à la chose, toujours trop présente cinquante ans après avoir été nommée.
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Sexisme, le mot pour le dire !

Des personnes, des êtres humains au même titre que lui

« Quand un homme dit « j’aimerais avoir le point de vue féminin sur cette question », ou encore « les femmes ont vraiment une façon merveilleuse de raisonner », il est aussi condescendant que le raciste qui s’ignore en affirmant que tous les Noirs ont le sens du rythme. »



Dans une présentation pleine d’humour, « le mot et la chose », Sarah Gurcel Vermande indique : « Le mot « sexisme » a cinquante ans. La chose, elle, est sans âge. On pourrait dire du sexisme qu’on nous a souvent fait la chose, oui, bien avant de nous dire le mot. Aussi je dirai quelques mots du mot, qui en diront peut-être, qui sait, long sur la chose ». Elle parle de Pauline Leet Pittenger, de la teneur et la forme de son intervention, « On sent en le lisant combien son autrice a dû s’amuser à le prononcer à la tribune, combien elle a dû jouer pleinement la carte de l’oral ».



Le mot, la chose, son actualité, « La » femme comme réduction singulièrement essentialiste, la mixité, le « matrimoine », la réhabilitation du terme autrice, (voir Eliane Viennot : non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. petite histoire des résistance de la langue française), les femmes artistes et « La vieille injonction faite aux femmes de se cantonner au rôle de muse n’a semble-t-il rien perdu de sa rigueur », le sexisme et le racisme…



« Il est du reste temps de vous laisser lire les mots de Pauline Leet. Des mots joyeux – car le féminisme est joyeux, qu’on se le dise »



Pauline Leet Pittenger a prononcé cette conférence le 18 novembre 1965 devant un parterre exclusivement masculin, composé d’étudiants d’une université non mixe.



L’auteure parle, entre autres, de ségrégation, d’institutions pédagogiques ségrégées, d’existence ghettoïsée, des conséquences dommageables pour la personnalité, d’anthologie de poètes sans poétesse (à l’exception d’Emilie Dickinson), d’analogie entre raciste et sexiste, « votre position est analogue à celle du raciste – et je vous qualifierais donc de « sexiste » – », de culture rabougrie, de « mentalité façonnée par le ghetto », des êtres déshumanisé-e-s, d’« objectification ornementale », de vanité masculine, des « exaltations de voyeurs de la bonne société », des magazines dont Playboy, de « langue insupportablement mièvre »…



Et en postface, de l’université devenue mixte quatre ans après son discours, de ce qui ne change guère du « sale vieux temps »…



Un petit livre plein d’humour et de force poétique. « Car ce n’est pas votre innocence que je tiens à vous faire perdre, mais votre naïveté »
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