Trois psychiatres partent ensemble pour une petite partie de pêche à la mouche. Nous sommes au mois de septembre, exactement le 11 de l’année 2001, telle que l’indique la première phrase, très innocemment du moins en apparence…
« Lorsque nous nous retrouvons, nous ne savons rien de ce qui va se passer ce jour-là, ni de l’histoire du World Trade Center ni du fait que Julian tombera dans un buisson d’herbe du diable, puis dans la rivière. Le temps n’est pas celui que nous avions imaginé, ça, nous le savons. »
Il ne fait pas très beau en effet, mais les trois compères en sont plutôt satisfaits, au moins, ils seront au calme…
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La pêche, les hameçons, les mouches, un collègue commun qui a tout du pervers narcissique et qu’ils aimeraient tous tuer, la jolie serveuse, toutes ces pensées virevoltent dans l’esprit de nos pêcheurs du dimanche…. Ils se lorgnent les uns les autres, ce sera à qui débusquera le premier poisson, qui en tirera le plus hors de l’eau… une certaine rivalité s’installe, même s’ils savent tous de toutes façons lequel d'entre eux remportera la mise. L’important finalement n’est pas là. L’important ce sont ces regards croisés, ce qu’ils s’imaginent les uns sur les autres, leurs pensées aussi futiles ou légères que l’air et qui pourtant semble presque prendre vie. Ils s’ébrouent parfois, comme pour rejoindre la réalité, Julian est-il vraiment tombé dans l’eau, ou pire encore ? Les monde rêvés et fantasmés s’entremêlent et se confondent, les pensées les plus noires ou les plus réjouissantes émergent pour se noyer à peine écloses dans l’eau dans la rivière. Etat contemplatif, pas si paisible que cela…
Et tandis que leurs mini drames, fantasmés ou vécus, se déroulent, il y a là-bas, de l’autre côté de l’océan….
Coupés de la « civilisation« , à l’abri pensent-ils du vaste monde, les trois hommes retomberont bientôt sur terre, mais dans un ricanement, un peu blêmes :
« Vous ne croirez jamais ce qui s’est passé, dit-il, vous le croirez pas. ». Lui, le poisson continuera, un peu plus rusé, peut-être, après cette leçon de pêche.
Entre court roman ou longue nouvelle, « Brève histoire de pêche à la mouche » ferre son lecteur dès la première page. Le rythme est lent (n‘attendez pas des rebondissements à n‘en plus finir, mais auriez-vous imaginé le contraire? ), les réparties rapides, vite interrompues, les pensées fugaces, les rêves éveillés et trompeurs...
Décidément, le lancer de mouche est tout un art et berner le poisson aussi…
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