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Citation de mathfil


Je vous trouve attirante… Mes premiers mots adressés à Florence. Était-ce une raison pour la regarder ainsi ? Pas vraiment, je le reconnus. Mais j’aime les femmes qui ont mauvais caractère.
Je n’avais pas été accroché par un détail physique. Non, juste une sensation alors qu’elle pénétrait à son tour dans ce café du boulevard des Italiens où je m’étais abrité de la pluie, ce geste énervé pour remettre en ordre ses cheveux mouillés, mouvement dont l’harmonie heurtée m’avait en quelque sorte transporté. Perception ténue, à peine un filigrane à la surface de ma conscience, l’impression d’avoir aperçu la femme de ma vie.

Cinq ans après, mes derniers mots à Florence furent les mêmes.
Au terme d’une mise au point plus désabusée qu’orageuse, elle m’avait posé cette ultime question : Pourquoi es-tu resté avec moi ? Parce que tu m’attires, fut la réponse que j’estimai adéquate. Et plutôt sincère, je me trouvais toujours dans la fascination qui m’avait saisi au premier jour.
Pourtant, je le savais, à ses yeux cette attraction avait perdu son sens. Envolé, le mystère des forces électromagnétiques unissant deux aimants. N’apparaissait plus que la mécanique fatiguée d’un couple déjà englué dans les habitudes de la vie à deux.
Elle me regardait, loin de moi. Je compris que cette question, elle se l’était d’abord posée : Pourquoi suis-je resté avec lui ? Et elle n’y avait pas trouvé de réponse. Alors elle me laissait là, dans notre appartement qu’elle quittait un sac de voyage au bout de chaque bras, un petit papier quadrillé sur la table de la cuisine, mardi 9h, jour et heure convenus avec l’entreprise de déménagement qui emporterait sa part de mobilier vers cet autre appartement loué sans rien m’en dire, que je ne connaîtrais jamais.


La première nuit solitaire passée dans notre lit commun me permit d’explorer les différentes phases de l’insomnie. Demeurer ainsi, enfermé entre les murs de mon appartement, me rappelait ces histoires d’enterrés vivants dont on retrouve les traces d’ongles sur les parois des cercueils.
Au petit matin, je rassemblai l’indispensable dans une valise à roulettes munie d’une poignée de tirage, déposai un deuxième papier quadrillé sur la table de la cuisine où j’expliquais en quelques mots la situation à Florence, fermai la porte à clé derrière moi et glissai cette clé dans la boîte à lettres. Le son métallique de sa chute n’eut pas l’intensité que j’avais espérée.
Je m’éloignai de chez moi à pied, comptant mes pas. J’avais décidé que chacun d’eux m’apporterait sa petite dose de tranquillité d’esprit. Cette sérénité accumulée ne me donnait cependant pas le sentiment d’être prêt à changer totalement d’environnement.
Le réceptionniste de l’hôtel croisé au début de la rue de Provence affirma que j’avais beaucoup de chance, il disposait d’une chambre libre. J’y déposai ma valise avant de me rendre au bureau, déterminé à trancher dans le vif.

J’avais besoin de mouvement. Comme des impatiences dans les jambes. Et tout autant l’envie de rester spectateur, regarder mon histoire virer à la déconfiture sans lutter. Je me disais que c’était bien moi ça, vouloir être dedans et dehors tout à la fois. Je me disais que j’avais deux possibilités. Je les énumérai.
1 – Rentrer chez moi, attendre, observer le plafond, dormir.
2 – Foutre le feu à mon appartement, sortir dans la rue et tirer sur tout ce qui bouge.
Je me disais qu’avec un peu de chance je pourrais trouver un compromis entre les deux. Je me disais que plus vraisemblablement, je ne choisirais rien.
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