Être parent d’un enfant et être parent d’un ado, ce n’est pas le même métier, explique-t-il, et la peur qu’il nous échappe conduit souvent à maintenir coûte que coûte son autorité. Or, si les adolescents veulent bien obéir, ils ne l’acceptent qu’à condition de comprendre le bien-fondé de ce qu’on leur demande. Il faut les persuader, dialoguer. Ils veulent être traités en grands, même s’ils n’ont pas encore acquis le raisonnement d’une grande personne ; qu’on leur parle sans détour et leur énonce clairement des valeurs auxquelles ils sont sensibles, telles que la justice, la solidarité ou le respect des autres.
On le voit, la transition vers l’âge adulte ne s’est jamais faite en douceur, mais elle semble aujourd’hui de plus en plus difficile et prolongée dans le temps, d’autant plus que les sociétés modernes ont aboli tous ces rites de passage qui aidaient les adolescents à s’intégrer au sein de la communauté. Alors que du point de vue biologique l’adolescence pourrait être la meilleure période de la vie, elle ne s’en révèle pas moins pour bon nombre de jeunes beaucoup plus éprouvante que gratifiante, en raison des conditions et des restrictions qui l’accompagnent.
Les adolescents qui nous font peur sont très souvent des jeunes qui eux-mêmes ont peur et qui ne savent pas gérer cette émotion parfois envahissante. Paradoxalement, nombreux parmi eux sont ceux que leurs parents ont voulu protéger de tous les dangers et épargner des moindres frustrations en les élevant dans le grand confort du tout-permis – tout sauf la peur, la vraie peur, celle que chacun doit apprendre à surmonter pour véritablement grandir.
Il ne faut pas croire que la communauté adolescente n’est faite que de bandes avec tous les fantasmes associés de violence, de délinquance et de consommation de drogues.
Chaque génération se préoccupe de ses adolescents et a parfois peur d’eux ou peur pour eux.