Le dirigeable s’était amarré, sans doute pour se réapprovisionner, à un des nombreux quais de ravitaillement situés dans cette ville que Victor n’avait jamais visitée. Par manque de chance, le dirigeable avait choisi le quai qui cachait le céleste spectacle de Victor. Épuisé, celui-ci se laissa tomber sur son lit, les pieds toujours sur le sol, ignorant maintenant l’image dérangeante du mastodonte volant éclairé par la faible lueur de la Lune. Une autre journée venait de se terminer, et le lendemain, une nouvelle commencerait, comme toutes les autres qu’il avait vécues depuis son plus lointain souvenir. Victor n’en éprouvait pas de déception, il était entièrement passif. À vrai dire, il n’éprouvait rien du tout, sauf à quelques étranges moments, lors desquels il ressentait quelque chose au fond de lui, l’incitant à user de sa curiosité et à détourner la tête de son quotidien. Rares étaient ces occasions.