AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Le monde océanique de One Piece est dominé par une grande instance unique, le Gouvernement mondial, dont toutes les îles qui se comptent par milliers ne sont en quelque sorte que les protectorats. Le bras armé de cette instance est logiquement la Marine, dont les officiers portent le mot « justice » inscrit dans leur dos, mais dont on réalise bien vite que plusieurs des responsables sont des êtres corrompus ou dissimulant, sous le masque officiel du maintien de l’ordre, une haine farouche pour tout ce qui échappe à leur norme de pensée. Luffy, étoile montante de la piraterie, est l’exact contraire de ce que la Marine exige du citoyen : à la hiérarchie verticale, le bateau pirate oppose l’espace circulaire, horizontal et mouvant de la camaraderie ; à l’obéissance aveugle aux ordres se place en contrepoint la seule observance des règles non écrites de l’honneur et de l’amitié ; enfin, à la préservation des injustices au nom de l’équilibre des forces, Luffy oppose une fin de non-recevoir, qui fait voler en éclats les hypocrisies et démasque, dans le malström du champ de bataille, les coupables de l’ombre, dévoilant au passage à ses compagnons de route la valeur et le courage dont ils ignoraient l’existence en eux.

Luffy « Chapeau de paille », dans sa longue saga ponctuée par des yeux exorbités, des gestes de pervers et des blagues gimmicks, agit ainsi comme un miroir éthique qui, après avoir permis à ses camarades de se découvrir tels que leurs puissances ensommeillées étaient prêtes à les accomplir, finit par se tendre vers son propre lecteur, l’interrogeant sur la manière dont il pourrait se révéler lui-même en de telles circonstances, une fois émancipé de tout ce qui autour de lui peut conspirer à l’empêche dans l’expression de ses puissances personnelles. L’équipage de Luffy réussit, de la manière la plus concrète qui soit, à constituer un état d’anarchie hédoniste, loin du slogan philosophique auquel peuvent être réduits aujourd’hui ces mots. (pp. 219-220)
Commenter  J’apprécie          10









{* *}