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Citation de enkidu_


Entrons plus avant dans la définition du terme « Phénicien ». D’où venaient-ils ? Selon leurs propres traditions reprises par Hérodote, ils auraient émigré du golfe Persique au 3e millénaire avant notre ère, pour se diriger d’abord vers la mer Morte puis vers la Méditerranée. Cette tradition était tellement vivante que lors de son passage, pour punir la cité de Tyr de sa résistance, Alexandre songea à « renvoyer les Phéniciens chez eux » c’est-à-dire aux îles de Bahreïn. Au 25e congrès international des orientalistes qui s’est tenu à Moscou en 1960 de singulières révélations ont été faites sur cet archipel par l’école archéologique danoise ; la découverte de quelque cent mille tombeaux a donné à réfléchir aux savants, qui y ont entrepris des fouilles depuis une vingtaine d’années. Car à ces tombaux correspondaient des villes. Sept villes superposées ont été mises à jour à Ras al Ouala’a, non loin du port moderne de Manama, à l’ouest ; la plus ancienne date du 3e millénaire avant notre ère. Dans le voisinage, près du village de Barbar est apparu un sanctuaire riche en bijoux, statuettes, bases d’albâtres, piscine, tables de sacrifice. La poterie découverte dans la région est de toute beauté. Le caractère indo-sumérien des objets et des constructions est évident, tout autant que celui de certains sceaux et statuettes dégagés de Byblos en Phénicie. Les archives commerciales de la Chaldée font état en effet de riches entrepôts du royaume de Dilmoun, nom sumérien de Bahreïn.

C’est à Dilmoun que se réfugia le héros Gilgamesh dans sa quête de l’immortalité. C’est à Dilmoun que selon la bible sumérienne a abordé Ziu-Udra, le seul survivant du Déluge. Ainsi notre Noé aurait échoué l’arche non pas sur le mot Ararat mais sur le Djebel Doukhan (Mont de la Fumée) qui se dresse au centre de l’île de Manama. La tradition orphique y voit de son côté le séjour des Bienheureux, les Champs-Elysées où règne Apollon. Cimetière sacré, les îles de Bahreïn ressemblent en cela à la terre babylonienne devenue refuge des morts de l’Islam chiite. Fait troublant c’est aussi le chiisme qui domine aujourd’hui à Bahreïn. Les fouilles dans la presqu’île arabique ne font que commencer. Gageons qu’elles nous réservent des surprises, révélant combien serrées étaient les relations de toutes sortes qui ont constitué le tissu de l’arabisme depuis les époques les plus reculées. (pp. 60-61)
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