Pierre Skira

L'eau est le sang de la glace.
Face au ciel translucide, les sommets arasés se découpent en socs de charrues, arrachent au ciel le passage d'une brume, lambeaux après lambeaux, traces d'un labour maladroit.
Lentement la lumière décline, au travers d'un tamis aux mailles serrées. Dans un soudain revirement, le scintillement de la lumière troue les nuages et illumine l'auge glaciaire. Elle débusque les formes les plus subtiles que, dans un combat inégal, les parois rocheuses lui dissimulent. La plaine de glace et les pics se confondent dans un magma où se révèlent à l'infini les glaciers et l'univers.
C'est ainsi que dans ces montagnes se règlent et s'ajustent les regards et les pensées.