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Citation de Charybde2


Après avoir obtenu la signature du commissaire, la mission de Klaus était terminée, mais il décida de rester sur l’estrade, membre blême et figé d’une performance qui prit bientôt son envol. Tous ces gens qu’il connaissait n’avaient, de toute façon, aucune intention de lui parler. Anonyme et renfrogné. Dégonfleur de fête – cela faisait près de dix ans qu’il recherchait un peu de joie dans des événements comme celui-là, immanquables et désolants. La foule lui semblait de plus en plus dense, impénétrable, tiède et collante, inquisitrice. Au moins, personne ne dansait vraiment. Une vague oscillation nerveuse remuait les corps.
Tatiana posa le micro et se retourna solennellement vers Vincent Quignard. Elle approcha la fente de sa combinaison de l’extrémité du gode-ceinture. Les Frères Streller eurent un sourire morbide. Elle se laissa pénétrer par l’engin, avec application, jusqu’à le faire disparaître en elle, et s’asseoir sur les cuisses du commissaire. Ce dernier commençait à avoir chaud dans son costume haut de gamme, mais s’efforçait de ne pas bouger, de ne pas réagir, de respirer par le nez. Andrée Varenne, Mourad Plaisance, Géraldine Brisson, Jack Mureau et sa clique d’adolescents pasoliniens, se joignirent au public rassemblé autour de l’estrade. Tout ce beau monde, inconditionnel du hic et nunc, regardait Tatiana se faire pénétrer. Disciplinés, plissant les yeux pour se donner l’air investi. Ils célébraient, comme chaque soir, impassibles, dans la neutralité gazeuse menaçante qui les distinguait de la norme, la nécessité absolue de ce qui se produit ou de ce qui finira bien par se produire un jour.
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