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Citation de Kio971


[...] une fille qui avait entendu quelques rumeurs dans la cité revint en toute hâte. Elle se tenait immobile et muette, non loin de Kannaki qui lui dit : "Pourquoi ne me parles-tu pas ? Amie ! explique ! Je ne vois pas venir mon époux ; et mon coeur est tremblant. Mon haleine est brûlante comme l'air du soufflet d'une forge. Ne m'apportes-tu pas quelques nouvelles de la ville ? Longue vie ! à toi, mon amie !

Bien qu'il fasse encore jour, je me sens frissonnante. Je ne vois pas mon bien-aimé, mon coeur est saisi par la crainte, et puis tu me vois pleine d'anxiété en l'absence de mon aimé, dis-moi ce qu'on raconte dans la ville. Que les Dieux te bénissent ! Amie !

Amie ! J'implore ton secours. Je ne vois pas mon seigneur revenir. Je pressens un danger. Mon esprit est confus. Mon esprit est troublé, car tu me caches quelque chose. Je t'en prie, parle-moi ! Amie ! Qu'est-ce que disent tous ces étrangers qui vivent dans ta ville ?" La vachère parla : "On l'accusa d'être un voleur venu en secret dérober un brillant anneau de cheville dans le palais du roi ; on l'accusa d'être un voleur aux mouvements mystérieux, et les soldats du roi, qui portent des anneaux brillants, l'ont mis à mort."

En entendant cela, Kannaki bondit de fureur, et puis s'effondra sur le sol. On eût cru voir la lune s'élever dans le ciel et puis, entourée de nuages, s'affaisser sur la vaste terre. Elle pleurait et ses yeux étaient plus rouges encore. Elle cria : "Où es-tu ? mon très cher époux ! Ah ! Ah !" et tomba évanouie. Puis, retrouvant ses sens, elle se lamenta :

"Dois-je périr de ma douleur, comme les femmes en détresse qui font d'affreux serments sur le bûcher funèbre de leurs tendres époux, parce que j'ai perdu un mari qui m'aimait, par la faute d'un roi que renient ses sujets ?

Dois-je périr de ma détresse comme les femmes esseulées qui promènent leur désespoir d'un lieu de pélerinage à l'autre et se baignent dans les ruisseaux après la mort de leurs époux porteurs de guirlandes de fleurs, qui embaument sur leur large poitrine ?

Dois-je périr ? Déesse idiote des vertus ! par la fatale erreur d'un roi porteur du sceptre d'injustice ?

Dois-je languir dans le chagrin comme les femmes affligées qui se consument dans le triste état de veuvage après que leurs tendres maris ont disparu dans le brasier funèbre ? Et dois-je user mon coeur dans le chagrin, à cause d'une erreur tragique commise par un roi de Pândya dont les sceptre s'est écarté du droit chemin ?

Regardez-moi ! Ecoutez mes paroles ! Honnêtes filles de vachers réunies en ce lieu, vous qui avez, par un juste pressentiment, pris part à la danse d'amour. Ecoutez mes paroles ! Ecoutez ! filles de vachers !

O Dieu aux rayons enflammés ! Tu es le témoin éternel de toutes les actions commises sur la terre qu'encercle l'océan. Parle ! mon époux était-il un voleur ? " Alors on put entendre une voix dans le ciel : "Il ne fut point voleur. O femme aux yeux de carpe ! Cette cité sera dévorée par le feu."
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