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Citation de MartineAb


Là, les surfaces traitées ne se plus comptées en centaines, mais en milliers d'hectares ; il s'agissait de sauver le sapin baumier, épine dorsale de l'industrie de la pâte à papier.
En juin 1954, des avions ont donc survolé le Miramichi, et dessiné dans le ciel des arabesques de traînées blanches qui se sont transformées bientôt en brouillard. Le produit pulvérisé - plus d'un kilo de DDT à l'hectare, en solution huileuse - s'est infiltré à travers les frondaisons des sapins ; une partie de ce poison est arrivé jusque sur le sol, et dans les ruisseaux d'eau vive. Les pilotes tout entiers à leur mission, n'ont fait aucun effort pour éviter les rivières ou fermer les ajustages de leurs pulvérisateurs en les survolant ; d'ailleurs, le moindre souffle d'air dissémine à tel point les brouillards que leurs précautions n'auraient peut-être eu aucun effet. Deux jours après l'opération, des signes infaillibles ont montré que tout n'allait pas pour le mieux. De nombreux poissons, truites et saumons en particulier, étaient morts ou mourants sur le bord des ruisseaux. Le long des chemins, et dans les bois, beaucoup d'oiseaux avaient péri. Dans les rivières, toute vis s'était pétrifiée ; avant le passage des avions, ces eaux avaient abrité en abondance le riche assortiment des êtres aquatiques qui figurent au menu du saumon et de la truite : larves de phryganes qui se protègent dans de petites casemates de feuilles, de tiges et de graviers mal assemblés avec de la salive, nymphes de mouches-perles accrochées aux rochers dans les bouillonnements du courant, larves vermiculaires de simulies fixées aux pierres arrosées par les eaux bondissantes. Mais le DDT avait tué les insectes, et les saumoneaux n'avaient plus rien à manger.
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