Voilà un essai particulièrement intéressant.
L'ouvrage est d'abord bien structuré. Il comporte quatre parties : les personnages de la peur (ceux qui la subissent, un individu ou un groupe), les lieux de la peur (forêt, château…), la peur dans l'événement (les causes de la peur…), les tonalités (peurs comiques, sérieuses).
Les références sont nombreuses et variées : récits fantastiques, récits historiques, récits de moeurs, romans populaires… On retrouve avec plaisir Balzac, Dumas ou Hugo abordés sous un angle d'approche qui ne leur est pas habituel.
Les extraits sont bien choisis et commentés avec pertinence ; j'ai apprécié notamment les extraits et les commentaires de Zola dont les métaphores sont tellement savoureuses...
De plus, Régine Borderie emploie une langue rigoureuse et précise, tout à fait accessible, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce type d'ouvrage !
Enfin, la bibliographie est très riche (le livre ayant été écrit par un professeur d'université, on ne s'en étonnera pas) et comporte de nombreux titres intéressants.
J'émettrai toutefois un réserve d'importance : même si quelques titres relevant des littératures étrangères sont pris en compte (Le Château d'Otrante...), certaines oeuvres majeures sont insuffisamment évoquées (les contes d'Edgar Poe...) ou même complètement absentes (Melmoth, Dracula…). le corpus étudié concerne donc essentiellement les récits français du XIXème siècle.
Un ouvrage qui pour cette raison n'est pas entièrement satisfaisant, mais qui mérite amplement d'être lu !
Merci à Babelio et aux Editions La Baconnière pour leur confiance.
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions LaBaconnière pour l'envoi de ce livre via l'opération Masse Critique.
J'avais choisi ce livre car je pensais qu'il s'agissait d'un essai sur ce qui faisait peur dans la littérature du XIXe siècle. Mauvaise pioche… dans l'introduction, j'ai pu lire que tous les thèmes que je m'attendais à y trouver ne seraient pas abordés (ou du moins pas de la manière à laquelle j'y avais pensé).
« Notre propos porte sur sa place [la peur] en tant que passion dans la fiction narrative du XIXe, sur sa fécondité pour celle-ci. »
C'est à dire ?
Voici un ouvrage qui n'est pas à la portée de tout le monde… quoi qu'il en soit, je me suis souvent sentie larguée.
« Les textes étudiés proposent, à l'occasion, des verbes pronominaux à sens actif pour parler de l'apparition de l'émotion… Mais les tournures qui exhibent la position de patient de celui qui éprouve la peur sont fréquentes. Le verbe « saisir », par exemple, est employé avec le personnage en position de complément. »
C'est clairement un livre de théorie de la littérature. On y trouve de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie, etc. Cela reste assez abstrait pour moi.
Maintenant, ce n'est pas parce que ce livre n'est pas à ma portée que c'est un mauvais livre. Il est très bien structuré et chaque point abordé est illustré par un extrait d'oeuvre (pour cela pas de problème de compréhension ^_^ ). La bibliographie est soignée les oeuvres théoriques sont séparées des oeuvres de fiction.
Mon seul regret est d'avoir privé ce livre d'un lecteur (ou d'une lectrice) qui aurait pu l'apprécier à sa juste valeur.
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