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Citation de mimo26


Introduction
« Je suis né à Varsovie et j’y ai vécu toute la guerre sous l’occupation allemande, y compris dans le ghetto. J’écris afin de laisser un témoignage. Certains épisodes, dont je fus soit témoin, soit acteur moi-même, pourraient être uniques et servir de source pour de futurs historiens. »

ABRAM APELKIR

Ma famille était établie à Varsovie depuis trois générations. J’y suis né le 4 février 1910, peu avant la Première Guerre mondiale. La Pologne n’existait pas alors en tant qu’État, mais était divisée depuis les fameux partages du XVIIIe siècle, entre la Prusse, l’Autriche et la Russie. Varsovie vivait sous l’occupation russe depuis 1815, c’est-à-dire depuis le congrès de Vienne qui décida du rattachement du royaume de Pologne à l’Empire russe. Je me souviens dans mon enfance de patrouilles de Cosaques dans les rues et d’une église russe à bulbes et tourelles dorés au milieu d’une très belle place que les Polonais ont fait sauter dans les années 1920.

Les Polonais détestaient cordialement les Russes et dès le début de la guerre, en 1914, ils ne cachaient pas leur joie, dans l’espoir de recouvrer leur indépendance. La proclamation de la Pologne libre après la guerre fut saluée par une véritable explosion d’enthousiasme populaire. De nombreux Juifs partageaient cette joie, car les Russes étaient plus brutaux et plus antisémites que les Polonais.

La nouvelle constitution accordait tous les droits civiques aux Juifs de même qu’aux différentes minorités telles que les Lituaniens, les Ukrainiens, les Allemands, avec la garantie de la sauvegarde de leurs biens, droit de vote, liberté de culte, etc.

Ici, je tiens à détruire une légende idiote : il n’y a jamais eu de ghettos à proprement parler en Pologne, à Varsovie ou ailleurs. Dans les villes où les Juifs étaient nombreux, il existait bien entendu des quartiers habités par une majorité juive. Mais cet état de fait qui s’est créé peu à peu, parfois au fil des siècles, est dû un peu au hasard ; il n’a jamais été imposé par une obligation ou une interdiction. Tout le monde vivait et circulait librement comme bon lui semblait. Le ghetto de Varsovie fut une invention des nazis. Mais n’anticipons pas.

Du côté de mon père, ma famille proche, oncles, tantes, cousins, neveux, comptait 22 personnes. J’avais 4 sœurs et un frère. Nous étions très affectueux entre nous. Mes parents s’occupaient eux-mêmes de notre éducation, nous enseignaient la religion de nos Pères et l’histoire du Peuple élu. On nous apprenait à être obéissants envers les aînés, polis et serviables envers le prochain, et à vivre dans la crainte de Dieu. On nous apprenait également à nous rendre utiles. Dans les familles de commerçants par exemple, dès l’âge scolaire, on apprenait aux enfants à servir les clients, à peser le sucre ou la farine, à emballer la marchandise, à rendre la monnaie, à balayer et aider à la fermeture des magasins.

Pour les métiers comme tailleur, boucher, cordonnier, orfèvre, la loi exigeait un apprentissage de trois ans chez un maître artisan reconnu par la corporation. On mettait les enfants en apprentissage assez tôt. J’ai commencé le mien comme tailleur à l’âge de 12 ans comme je le raconterai plus tard. En 1929, j’ai pu m’établir à mon compte. En 1931, je me suis marié. La famille de ma femme, établie depuis plusieurs générations en Pologne, était originaire d’Aleksandrow Kujawski.
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