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Citation de mimo26


En quatre ans d’occupation, je n’ai jamais vu un soldat allemand se livrer à des violences sur un paysan. Les Allemands de cette époque n’étaient pas des SS, loin s’en faut. Ils étaient là en colonisateurs plutôt qu’en guerriers. Les rapports qu’ils entretenaient avec la population étaient sans haine. Il leur arrivait même parfois de donner un peu de pain aux enfants et de jouer avec eux. Je me souviens même qu’une fois, dans la rue, un de leurs chiens me bouscula violemment et me fit tomber. Un soldat allemand voyant mes égratignures et mes genoux en sang m’emmena à la pharmacie la plus proche.

Cette période fut quand même très dure. Comment la décrire ? J’ai eu faim. Manger était ma hantise. Cela n’a sans doute pas la même signification que pour un adulte normalement résigné. Ma mère allait de temps en temps chercher de rares provisions à la ville. Elle revenait parfois avec quelques kilos de pommes de terre et un kilo de farine qu’elle réglait grâce à ce que chacun d’entre nous pouvait rapporter. Bien entendu, je lui donnais les quelques zlotys que j’avais récoltés dans la rue ou ailleurs sans qu’elle ne pût jamais rien savoir des moyens que j’utilisais pour me les procurer. D’ailleurs, j’étais toujours par monts et par vaux. Les paysans ne donnaient rien et je ne me souviens pas avoir partagé un seul repas avec eux. Ils ne voulaient rien vendre non plus. Ceux qui croient qu’en de telles périodes on trouve plus facilement à manger à la campagne qu’en ville se trompent. Les paysans ne pouvaient assurément pas vendre le peu qu’il leur restait et, de toute façon, nous ne pouvions rien acheter… Un peu plus tard, au cours de notre séjour à la ferme, les paysans ont embauché une jeune fille de 13 ans comme bonne à tout faire. Les choses s’arrangeaient un peu grâce à elle. C’est-à-dire qu’au moment de la traite des vaches par exemple – un moment que je n’aurais raté pour rien au monde –, elle me donnait en cachette du lait ou bien du pain ou une pomme. Forcément, je ne la quittais pas d’une semelle. On s’entendait bien. C’était une fille très dégourdie. Pendant ce temps-là, ma mère et mes sœurs aînées continuaient à chercher en ville une pièce plus confortable, ainsi que du travail pour sortir de cette misère que nous supportions assez mal. C’est à cette époque que Hedja et Fella tombèrent successivement malades. Elles avaient l’une après l’autre contracté le typhus.
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