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Citation de enkidu_


Attardons-nous donc à la seconde question : les parents de Paul étaient-ils citoyens romains ? L’auteur des Actes le prétend, qui montre Paul faire usage de sa citoyenneté à la fin de sa vie (Ac 22, 22-28). Le débat entre les historiens est plutôt vif.

Le privilège était plutôt rare à cette époque (il sera généralisé par la suite) car il munissait le citoyen de droits fondamentaux : porter la toge, avoir un nom triple, voter dans les élections, échapper à un châtiment dégradant. Un citoyen romain était en outre une personne juridique à part entière qui disposait de toute faculté pour tester, hériter, contracter un mariage, acheter des biens, tout cela sans conditions. Les moyens d’acquérir la citoyenneté romaine quand on n’habitait pas la péninsule italique n’étaient pas nombreux : avoir rendu à l’État (c’est-à-dire à l’Empereur) des services distingués, avoir été l’esclave d’un citoyen qui vous affranchissait en guise de remerciement post mortem ou bien avoir servi dans l’armée. Or être militaire, pour un Juif, était quasiment exclu : non seulement, du côté Juif, faire couler le sang était interdit sauf pour des motifs très bien définis, et, du côté romain, on avait bien vite compris que les populations juives palestiniennes n’étaient pas très loyales, plus attachées qu’elles étaient à leur terre et à leur religion qu’au bien de l’Empire. Quant à une citoyenneté octroyée pour services rendus, cela était impensable : à l’époque d’Auguste et de Tibère, seul un très petit nombre d’individus eurent cet honneur et ils étaient tous très puissants.
S’ils possédaient la citoyenneté romaine, les parents de Paul devaient être d’anciens affranchis venus s’installer à Tarse, comme il y en avait beaucoup dans la Diaspora. Leur statut était enviable et ils n’avaient rien des petits boutiquiers de « seconde zone » habitant dans une sorte de ghetto misérable qu’on se figure parfois.

De plus en plus souvent, les historiens remettent en cause l’affirmation des Actes en notant les incohérences du récit. Pourquoi Paul excipe-t-il de ce privilège aussi tardivement, alors qu’il est en prison depuis de longs mois ? Pourquoi affirme-t-il ailleurs avoir été battu de verges (2Co 11, 25), un traitement impensable pour un citoyen ?
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