Le soleil décline
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Sérénité, sérénité dorée, viens !
Ô toi, de la mort
avant-goût secret et suave entre tous !
‒ Ai-je trop vite couru mon chemin ?
Ce n’est que maintenant quand mon pied s’est lassé,
que ton regard me rejoint enfin,
que ton bonheur encore me rejoint.
Alentour, vague et jeu purs,
Ce qui jadis fut lourd
a sombré dans l’oubli bleuté,
ma barque est au calme.
Tempête en traversée, comme elle a oublié !
Désir et espoirs se sont noyés,
âme et mer sont étales.
Septième solitude !
Jamais je ne sentis
plus près de moi la douce confiance,
plus chaude le regard du soleil.
‒ La glace de mes cimes ne rougeoie-t-elle pas encore ?
Léger poisson d’argent,
maintenant ma nef prend son départ
//Friedrich Nietzsche (1844 – 1900)
/ Traduit de l’allemand par Rémi Laureillard