Nulle part, sauf dans la Rome de Jules II, Michel-Ange n’aurait pu rencontrer une coïncidence de temps, de lieu et de circonstances mieux agencée pour exciter et récompenser son génie protéiforme. C’est un fait que son commerce avec le pape fut pour lui une cause fréquente d’exaspération et de désespoir, car s’ils se ressemblaient au point de subir une mutuelle attraction, ils se ressemblaient trop pour ne pas s’affronter perpétuellement. « Tous deux », observe John Addington Symonds, « visaient à des entreprises colossales dans leur domaines respectifs… Tous deux étaient des uomini terribili, pour reprendre une expression qui implique la force de caractère et le dynamisme du génie, terrifiants par le monolithisme de leur volonté ». …. Sans Jules II, Michel-Ange n’aurait peut-être jamais eu l’occasion de mettre en branle toutes les puissances créatrices de son imagination. »