AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Entre-temps, pendant que Roméo et Juliette profitaient des pénombres de la caverne pour se connaître et, occupés comme ils l’étaient à découvrir leurs corps coniques, leurs nombreuses courbures, leurs recoins tièdes et une infinité d’arcanes secrets, ils virent passer quelqu’un en courant (avoueraient-ils plus tard) mais ils ne réussissaient même pas à se souvenir par où il était parti. Il avait un air de philosophe, à courir comme ça (ajouterait plus tard la rumeur). Il courait en criant et son cri était horrible. Il disait qu’il ne pouvait pas supporter plus de représentations, d’images vaines, de simulacres et d’odieux mensonges. Il voulait avoir un entretien avec la Vérité, la regarder fixement dans les yeux et lui poser la question. Demander ensuite une subvention, chercher sur Internet pour voir si près de la caverne il n’y avait pas par hasard les bureaux d’une oènegé, louer un équipement de spéléologue et redescendre : reprendre le chemin de son apprentissage et revenir. Revenir pour que la Vérité soit à son tour vraie et connaisse son but ultime : le Bien. Mais la trinité platonicienne n’est pas complète sans l’acte sacrificiel, plein de beauté, chemin privilégié vers les plus hauts honneurs, sur lequel le philosophe, de façon consciente et responsable, en échange de son rachat de l’innocent, donne sa vie pour la cause extrêmement pure de la Raison. C’est sa mort qui est le chemin de la Vérité. Et pour cette raison il ressuscita le troisième jour, monta au ciel où, d’après les écritures, il est assis à la droite du père, tout au bout de l’escalator. Un jeu qui se répètera encore et encore pour des siècles et des siècles.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}