À Dimitri
Ce jour-la
Personne ne l’avait vue remonter la ruelle
Franchir le seuil de ta maison
Se glisser sous la treille
Traverser la cour
Puis s’asseoir
Tout près
De toi
Personne ne l’a entendue frapper aux vitres
Comme une mendiante égarée
Personne n’a vue la dernière hirondelle de l’été
S’envoler du taillis de ta barbe
Personne n’a su pourquoi le petit chat tigre
s’était réfugié si haut dans l’arbre
Personne n’a pu saisir le sac de blé
Qui se renversait sur la terre
Personne ne la voyait tenir la vieille cloche de la chapelle
Dans une main, ta vie dans l’autre
Quand la mort est venue te prendre
Il n’y avait pas une ombre, pas une tache
Pas une pierre éboulée sur les murs de ta maison
Mais
Le grand drap de la lumière
Qui claquera longtemps, longtemps
Sur le fil tendu de nos vies.
// Bruno Doucey