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Citation de Tandarica


Rodica Draghincescu
ASTRUM

Voilà la grande rue du village,
comme une vieille vache maigre, jaunâtre,
dont le meuh perçant traverse les légendes et les âges,
à la recherche de son veau :


à droite, l’église sonne le midi, d’une cloche édentée,
à gauche, la bodega ferme pour cause de décès
c’est à ce moment-là que les villageois
se mettent à genoux à table et se signent pour la journée.
 
Ils sont vieux et pleins de peaux
appuyés les uns contre les autres,
inexacts et inexpressifs,
pelote de têtes et pieds fictifs,
dont le fil est embrouillé:
 
Comme autrefois, à la foire de campagne,
un samedi, lors du défilé de la fête nationale,
quand les chars, tambours et trompettes militaires
se sont mis à battre la cadence et à parader
………………………………………………………………………….
et alors,
alors,
par mégarde,
dans un instant fatidique,
les gitans ont perdu leurs ours et chevaux dressés…
………………………………………………………………………….
Le cumulus de museaux, sabots, griffes, crinières et poussières redressées,
résorbant en lui cris, trots, grognement, fugue et folie féerique,
a déraciné le monument des fils et filles martyrisés par la guerre
et l’a traîné par-dessus les blancs de mémoire des héritiers…>
 
À l’heure où le zéphyr, sortant du royaume  
où se lève l'étoile du soir, où le soleil éteint ses derniers feux,
le cumulus se changea en tornade équestre, plantigrade,
instinct de fuite fatale, pirouette géante de gens et d’animaux
volant dans les airs, les cous tendus, les yeux écarquillés,
emportant les noms des morts et les corps des vivants,
dans la course se laissant aller au désespoir
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