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Citation de enkidu_


Pour comprendre comment, aujourd’hui, la désintégration des mœurs et des arts a pour l’une de ses causes essentielles la diffusion (et les illusions) du « mode de vie américain », il est nécessaire de situer le problème dans la perspective de l’histoire américaine car la décadence de la culture, ne jouant aucun rôle régulateur dans la vie de la société, découle de la formation et de l’histoire des États-Unis.
(…)
Les États-Unis sont une organisation de production régulée par la seule « rationalité » technologique ou commerciale, à laquelle on participe comme producteur ou consommateur, avec pour seule fin un accroissement quantitatif du bien-être. Toute identité personnelle, culturelle, spirituelle ou religieuse est considérée comme une affaire privée, strictement individuelle, qui n’intervient pas dans le fonctionnement du système.

A partir de telles structures sociales, la foi, la foi en un sens de la vie, ne peut vivre que dans quelques communautés qui ont gardé l’identité de leur culture ancienne, ou chez quelques individus héroïques. Dans l’immense majorité de ce peuple, Dieu est mort, parce que l’homme y a été mutilé de sa dimension divine : la quête du sens. La place est alors libre pour le pullulement des sectes et des superstitions, les évasions de la drogue ou du petit écran, le tout recouvert d’un puritanisme officiel qui s’accommode de toutes les inégalités et de tous les massacres, et leur sert même de justification.
(…)
La violence la plus sanglante et sa caution par une religiosité hypocrite est un trait permanent des États-Unis, depuis leur origine. Les premiers puritains anglais qui débarquèrent en Amérique apportaient la croyance la plus meurtrière pour l’histoire de l’humanité : celle de « peuple élu », légitimant, comme des « ordres de Dieu », les exterminations et les vols de terre des autochtones selon le modèle du livre biblique de Josué, où le « Dieu des armées » donne à « son » peuple la mission de massacrer les premiers habitants de Canaan et de s’emparer de leur terre.

De même que les Espagnols avaient appelé « évangélisation » le génocide des Indiens du sud du continent, les puritains anglais, invoquèrent, pour justifier leur chasse aux Indiens et le vol de leur lettre, le livre de Josué et les « exterminations sacrées » (herem) de l’Ancien Testament : « Il est évident, écrit l’un d’eux, que Dieu appelle les colons à la guerre. Les Indiens se fient à leur nombre, à leurs armes, aux occasions de faire le mal, comme probablement les anciennes tribus des Amalécites et des Philistins qui se liguèrent avec d’autres contre Israël. » (Truman Nelson : ‘’The puritans of Massachussets : from Egypt to the Promised Land. Judaïsm.’’ Vol. XVI, n° 2. 1697.) (pp. 40-45)
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