Exceptionnel texte sur deux feuilles recto d'une gwerz retrouvée, sans date et sans mélodie, sur Marion du Faouët. La langue employée est le breton haut-cornouaillais du XVIIIe s.
Une gwerz est une chanson traditionnelle de Bretagne. Proche de la ballade ou de la complainte, elle raconte une histoire, anecdote ou épopée, historique ou mythologique, souvent tragique. Transmise oralement à travers les générations, elle est l'expression de la mémoire collective.
"Ar vleisès" - "La Louve" (traduction française).
C'est moi Marion du Faouët
Maîtresse d'une troupe de bandits
Qui sème la terreur à travers le pays
Prête à piller et à tuer
On m'appelle la Louve
Mais les gens de rien me surnomment leur "sainte patronne"
Si j'inspire la crainte aux bourgeois et aux nobles
Aux pauvres je donne sans compter
Je suis fiancée à Henry Pezron
Mais mariée assurément pas
S'il était homme de qualité
il avait bien cessé de croire en Dieu
J'ai eu de lui quatre enfants
Quatre filles
Qui sont belles comme quatre roses
Mais qui piquent comme l'aubépine !
Ensemble nous parcourions la contrée
Et jour et nuit pillions sans foi ni loi
Et je vous jure en vérité
Entre nous régnait un amour véritable
Un jour mon homme déclara :
"Aujourd'hui prendra fin ma liberté !"
Et avant que la nuit ne fût venue
Les gens d'arme étaient sur le pavé
Une sarabande de pistolet éclata
Il se défendit avec courage
Mais bien qu'il était fort brave
Ils finirent par s'emparer de lui
Marion dit alors :
"Je resterai fidèle à Henry !"
C'est la fin de la Louve du Faouët
La plus grande princesse des bandits !
p 75