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Citation de Zerkan


Deux régiments de cavalerie abandonnèrent la forêt. Solides sabots sur la Plaine des Amants, crinières de nacre au vent, sur leurs chevaux lanciers d’argent, ils approchèrent le fleuve en martelant. Quelle erreur fut-ce, cependant ! L’ennemi patientait au tournant, sur l’autre rive où luisait le sol blanc.
Joueur suivant.
D’une main lente et assurée, le capitaine Malaski fit glisser deux doigts sur son paquet. Il marqua l’arrêt, toisa son adversaire et tira d’un coup sec ! Un bref regard sur son gain, un sourire dissimulé. D’un coup de perche, d’un seul, il conduisit ses archers au pied de l’Aroine. Le roi qui lui faisait face, à la tête de la cavalerie, petit personnage chauve à la natte bien pendue et au bouc touffu, n’avait pas anticipé la supercherie. Il aurait dû…
L’espoir demeurait pourtant dans le cœur du roi nain. Mais le capitaine Malaski n’était pas seulement malin : la chance lui souriait. Vive et habile, sa main s’empara des Pierres de la Destinée. Au-dessus de la Plaine des Amants, il déploya ses doigts ; le destin frappa, encore une fois.
Trente-quatre, ce fut le nombre de blessures infligées aux deux régiments du roi. Un coup dur que ce dernier aurait pu encaisser sans râler si le capitaine Malaski n’avait pas eu l’intention d’abattre sa carte plus tôt piochée. Et la puissance de frappe des archers fut triplée.
— Par la barbe d’Odin, ma cavalerie ! pesta le souverain en heurtant du poing la table de jeu, ébranlant les figurines, les cartes et les dès. Décimée… Simon, tu es un vrai gredin !
— Un fin stratège, voulez-vous dire.
— Un gredin ! Et je pèse mes mots ! C’est ma première partie, tu pourrais avoir la courtoisie de ne pas me faire payer mes erreurs au prix fort ! Du moins, tu aurais dû me prévenir.
— Messire, l’erreur est pourtant le meilleur des apprentissages.
— Ce n’est pas une raison ! bouda le roi qui croisait les bras.
— Gardez la tête sur les épaules, Messire, c’est à vous de jouer. Réfléchissez bien, vous en avez le temps. J’ai peut-être remporté cette escarmouche, mais la guerre est loin de prendre fin. La victoire est encore à votre portée.
— Tu parles, bougre ! Je t’ai pris sous mes ordres parce que tu fais preuve de discernement et de sang-froid en pleine bataille, ce qui n’est pas mon cas.
— Ce qui n’est pas le cas des nains tout court, corrigea Simon.
— Bah ! Si nous savions garder la tête froide quand les esprits s’échauffent, ce serait de notoriété commune. Et puis, mon père était un aristocrate, pas un militaire ! J’ai grandi dans un milieu où l’on apprend plus à festoyer et à courir la gourgandine qu’à guerroyer. Si tu manies d’une main de maître ton épée, moi, c’est le Gourdin de l’Amour que je brandis volontiers.
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