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Citation de Josephine2


Aujourd’hui encore, ceux qui parlent à leur place affirment haut et fort que la cause justifie la mort d’êtres innocents. Kara n’a jamais accepté le sens de cette phrase. Qu’est-ce qui pourrait justifier la mort d’un innocent, sinon la folie de son assassin ? La mort d’un enfant est un crime, quelle que soit la balle qui le tue. Sa mort comme celle des autres civils. Il repense à ce conte arménien :
Sous un soleil de plomb, un homme en sueur, assoiffé, gravit la colline, suivi de son chien. À mi-chemin, il demande une gorgée d’eau à un berger qui lui refuse sa gourde, et lui désigne d’un signe une cabane au sommet. L’homme y grimpe et lit sur une ardoise qu’on y vend de la limonade. Il entre et s’approche du comptoir. Le boutiquier le regarde venir, une main sur son chat qui ronronne sur le comptoir, un œil sur le chien de l’étranger qui s’approche. L’homme ruisselle de sueur et un essaim de mouches vrombissent autour de lui. Le chat, comme tout bon chat qui se respecte, voit vibrionner les mouches et leur bondit dessus pour jouer. Croyant à une attaque contre son bon maître, le chien fidèle saute à son tour et broie le chat d’un claquement de ses crocs. Aussitôt le boutiquier brandit un bâton et fracasse le crâne de ce maudit chien qui vient de tuer son chat. Hurlant de fureur, le voyageur, voyant son chien mort, arme son fusil et tire sur le boutiquier qui s’enfuit pour revenir avec ceux de sa famille qui coursent le voyageur et le lapident à mort. De loin, l’enfant qui guettait le retour de son père court avertir sa famille qu’il a vu les autres le tuer. La famille déboule et décime l’autre famille sauf une femme qui a le temps de courir rameuter son village. Les villageois accourent, hommes, femmes et enfants, et massacrent la famille du boutiquier dont le village, alerté à son tour, envoie des renforts. Et de chaque côté le village en appelle à la ville voisine, qui en appelle à son canton, qui en appelle à son district, qui en appelle à sa région, qui en appelle à sa province, et les deux dirigeants, qu’ils soient présidents élus, rois par la grâce de Dieu, dictateurs ou autocrates, en appellent à leur peuple pour se déclarer la guerre… Pour une gorgée d’eau et un chat qui joue avec les mouches. Et cette vengeance. Cette terrible vengeance comme socle de toutes nos perversions pour trouver toutes les raisons de ne pas briser l’engrenage. Les pires raisons.
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