Rozenn Triolaire

La cabine téléphonique, vestige d’une autre époque, a résisté au temps et aux changements du quartier. Elle n’est pas aussi chic et pompeuse qu’une cabine anglaise dont le rouge vermillon symbolise l’élégance mais elle n’en est que plus attachante avec ses airs d’années quatre-vingt. Elle se dresse grise, isolée, au cœur de la place Arthur Rimbaud. Elle a été transformée depuis quelques années en boîte à livres. Des étagères rajoutées au bâti d’origine couvrent entièrement les deux pans en verre verticaux, laissant juste assez de place pour se glisser à l’intérieur. Les anciens annuaires aux couvertures blanches et jaune passé ont été conservés dans le casier sous le téléphone resté en place également. C’est donc un joyeux capharnaüm très encombré mais concentré de vie et d’histoire ; une mini-bibliothèque dont les rayons évoluent au gré des dons et des emprunts, concept unique dans un monde où plus rien n’est gratuit, ni obtenu sans réservation. Non seulement elle offre un choix varié, donnant parfois envie de prendre plusieurs livres à la fois, mais en plus elle brosse un portrait bigarré des personnes qui sont passées par là.