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Citation de MegGomar


Cette joie de l’enfant, et la gaieté qui l’accompagne, n’a pas besoin de
justification : elle puise directement son insouciance et sa candeur dans le
rapport rassurant à la mère, immersion assez intime pour que le jeu de
cache-cache et d’escamotage fasse disparaître et réapparaître le visage
maternel sans angoisse. Baudelaire, dans son article sur « L’essence du
rire », distingue du rire adulte ce rire de l’enfance – le comique absolu – qui
ne se soucie pas d’un masque social, ne comprend pas la caricature et
ressemble à un bien être et un contentement proches du végétal ou de
l’animal : « Le rire des enfants est comme un épanouissement de fleur, c’est
la joie de recevoir, la joie de respirer, la joie de s’ouvrir, la joie de
contempler, de vivre et de grandir, une joie de plante. »
Même si les plus récentes études ont montré que le bébé élabore tôt un
jeu rieur pour masquer ses désirs et même si le rire est déjà une stratégie de
« mise à bonne distance de l’altérité », l’idée d’un regard critique, satirique
sur le monde lui est étrangère.
Tout rire participe de près ou de loin à cette euphorie primitive,
décharge psychique qui représente une forme de régression du côté de
l’infantile, du familial et du domestique associés à la protection maternelle :
ce dont l’adulte jouit, homme ou femme, c’est de son droit au plaisir dont il
a souvent abdiqué en vieillissant, un droit en relation avec le monde
pulsionnel et en retrait de l’ordre social. Le rire triomphal du fils est « celui
de l’enfant blotti dans les plis d’une robe divine, qui fait des grimaces à
l’ennemi ». La figure parentale, et plus particulièrement celle dominante
de la divinité maternelle, y demeure étroitement associée.
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