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Citation de AuroraeLibri


Le cas de la citation prêtée à Tertullien fournit un bon exemple des malentendus qui circulent, depuis longtemps, sur l’« antirationalisme » chrétien. Peut-être suffirait-il de dire que ce mot n’est pas de Tertullien. Que de fois, pourtant, cette petite phrase a-t-elle été citée pour dénoncer le fidéisme chrétien !
Elle est en réalité la déformation d’un passage du traité Sur la chair du Christ (5, 4 : credibile est, quia ineptum est) et ne constitue en aucun cas une maxime générale contre la philosophie. Dans le contexte duquel on veut tirer ce passage pour lui faire dire autre chose que ce qu’il dit, Tertullien ne polémique pas avec les philosophes, mais avec un autre chrétien, Marcion. Dans le développement en question, le Latin accuse Marcion de nier la réalité de la Passion et d’être ainsi en contradiction avec les données essentielles de sa propre foi. La phrase intervient dans un débat entre chrétiens, et non dans la polémique d’un chrétien contre la philosophie. Elle est liée explicitement, dans les lignes qui précèdent, au texte de la Première Épître aux Corinthiens (3, 18-20) : la folie, qui est sagesse devant Dieu. Non d’ailleurs pour magnifier la folie contre la raison, mais pour justifier une théologie qui ne soit pas « indigne de Dieu » (5, 3), qui ne limite pas la puissance de Dieu à ce qu’on peut raisonnablement en concevoir (3, 1). Ce que Tertullien veut dire, c’est que la mort de Dieu est crédible justement parce qu’elle dépasse notre entendement. C’est un paradoxe, certes, mais on va trop vite lorsqu’on veut y voir une attaque générale contre la raison.

Préface
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