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Citation de ILESTMIDI


Hélène et Gabriel n'en pouvaient plus de l'interminable mois de mai.
Les foins l'occupaient entièrement sans autre horizon que celui de la charrette suivante. Faucher, retourner, vérifier l'état du séchage, entasser, craindre l'orage, charger, décharger... Lorsqu'ils fermaient les yeux le soir, s'affichait encore derrière leurs paupières l'herbe chaude qui luisait au soleil à perte de vue, ornant les flancs des vallons du Lauragais.
Les vipères et les couleuvres à la recherche des mulots, des campagnols, des souris ou mieux encore de leurs nitées, les insectes qui s'en échappaient étaient devenus des virgules quotidiennes auxquelles ils ne portaient presque plus attention. On n'en finissait pas de cette première coupe.
Aiguiser les dents de la faucheuse, les remplacer si nécessaire, ne pas se blesser lorsque les bœufs la tiraient - on se répétait tellement d'histoires de jambes sectionnées, de membres estropiés comme pour le père de Léonce, de vies saccagées par un caprice du terrible engin aux crocs de fer acérés - tel était le quotidien qui alternait avec le stockage.
Sur les trente-cinq hectares de la Borde Perdue, neuf étaient consacrés aux foins et fourrages et la masse totale sèche avait été estimée par les calculs savants de Léonce à un volume de près de trois cents mètres cubes. Ray-grass, esparcette, luzerne, sainfoin, trèfle exhalaient leur doux parfum végétal qui, au fil des jours et à force de trop le respirer, en devenait presque écœurant.
Leurs mains se couvraient au fur et à mesure d'épaisses callosités pour se préserver des frottements du manche de la fourche, les maux de dos venaient tirailler leur jeunesse jusqu'au plus profond de leur sommeil.
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