Serge Cordellier

Avec la décomposition de la Yougoslavie et l'effritement de l'URSS, avec la réunification de l'Allemagne et du Yémen, une donnée fondamentale de la « guerre froide » a commencé à disparaître : l'intégrité des frontières. Celles-ci étaient bien mieux établies lorsque la compétition idéologique faisait rage de par le monde. Depuis 1945, les deux blocs étaient en compétition pour l'orientation des régimes, non pour l'annexion des Etats : on sa battait pour une influence plus que pour des bourgades ; hormis dans les guerres de décolonisation, on soutenait des partis en lutte plus que des nationalités en armes. Désormais, certains Etats ne semblent plus avoir que des frontières provisoires et les revendications nationalistes s'élèvent non seulement en Asie ou en Afrique mais aussi au cœur même du Vieux Continent. Nul contraste n'est aussi vif que celui qui se cristallise entre deux parties de l'Europe : alors que l'orientale paraît replonger dans les souvenirs sanglants du siècle passé, l'occidentale s'apprête à entrer, plus ou moins unifiée, dans le prochain.

1026 - [p. 35]