AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de SergeTailler


C’est la première fois qu’elle reçoit des coups de la part de l’homme avec lequel elle vit depuis à peine deux ans. Cette scène de violence n’est pas un incident isolé mais l’inauguration d’un acte qui deviendra rituel et fera partie de la routine quotidienne.
Maman me donne alors la raison « officielle » du coup de sang de son mari et embraye ensuite sur les circonstances atténuantes. La rage d’Alain est liée à sa famille : ses parents sont de retour dans le Nord de la France et la situation est un peu tendue avec sa fille Isabelle. Une relation délicate avec sa fille et le déménagement de ses parents sont les raisons de sa première raclée.
Elle continue à dérouler les circonstances atténuantes. Elle précise « sous l’emprise de l’alcool » lorsqu’Alain la bat. Ce n’est en réalité pas Alain qui la frappe mais Alain sous l’emprise de l’alcool. Ce n’est pas le même personnage mais son double qui la cogne car son gentil mari n’est pas qu’un homme délicat et tellement attentionné, il est aussi sobre comme un chameau. On retient de lui celui qui n’a jamais rien bu d’autre que du café et du Coca Cola. Donc, quand Alain est imbibé, ce n’est pas Alain. C’est un autre homme mais pas lui.
Elle continue son récit. Elle reçoit donc une raclée de l’homme qu’elle aime et son petit écart de conduite est celui d’un être temporairement perturbé par ses histoires familiales et sous l’emprise de l’alcool.
Pour Marie Christine, ce petit écart n’est qu’une mauvaise passe et n’est que transitoire. Elle est convaincue que son second mari est tellement différent des autres et que tout va rapidement rentrer dans l’ordre.
Alain va pourtant rapidement délaisser ses boisons favorites, à savoir le café et le Coca Cola, au profit de sorties arrosées qui deviennent routinières. Il semble moins attentionné et peu délicat lorsqu’il rentre le soir imbibé par l’alcool. Et les scènes de violences se chronicisent mais elle reste malgré tout persuadée que ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
Quand Alain débarque dans la famille de Marie Christine, c’est la surprise. Le décalage entre son milieu d’origine et celui de sa nouvelle femme fait grincer des dents. Alain, le principal intéressé, est le seul à ne pas s’en rendre compte mais ne manque pas de courage pour combler le fossé entre ces deux mondes. Il se retrousse les manches et commence à nous raconter sa glorieuse biographie. Ses archives sont là pour entériner sa légitimité et il va y aller fort, n’hésitant pas à laisser parfois son pouce sur la balance.
Le bien fondé de mon beau père, c’est le Savoir et la Science. Il sait tout sur tout et va abreuver de son savoir universel la famille de sa femme qui va se délecter et s’amuser de sa bêtise.
Alain se tourne ensuite vers un autre public qu’il déniche dans une petite auberge, proche de notre foyer. C’est dans cette petite taverne qui ressemble à un buffet de gare qu’il se découvre de nouveaux amis. Il y étale son érudition et sa science en couches épaisses et ses nouveaux disciples apprécient et en redemandent vu la régularité de ses sorties. Les retours de soirées sont peu poétiques mais assez pathétiques. Ses rentrées au bercail sont légendaires et sa femme va rapidement s’en lasser.
Quand il rentre de beuverie, Alain poursuit son show à domicile. Il revient généralement en fin de soirée mais rejoint la maison comme si nous étions au milieu de l’après-midi. Comme s’il était rentré plus tôt que d’habitude. Il tient à peine droit et se fait couler un petit café pour se dégriser et détendre l’atmosphère. Il commence alors à nous raconter sa journée, parsemée de trous qu’il comble avec des histoires rocambolesques et se contredit toutes les deux minutes pour répéter les mêmes âneries en boucle.
Alain aime que ses spectateurs soient captifs et circonspects. Quand il perd l’attention de son auditoire, il change de tonalité et justifie sa rentrée tardive par le fait qu’il a d’étonnantes révélations à nous faire. Il nous livre alors le fruit de ses investigations qui concernent soit mon père qu’il connaît à peine soit mes grands-parents ou encore un autre membre de la famille de sa femme. Ses révélations se situent le plus souvent en dessous de la ceinture et sont assez binaires. Il s’agit le plus souvent de Y qui est une salope ou de X qui est un cocu.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}