Seung-Hee Kim

Le texte est très serré, cela pourra surprendre.

Mais, il en émane une vraie délicatesse qui fera oublier sa police minuscule et les mots grandiront dans les esprits comme une goutte d'encre dans un verre d'eau.

Si vous n'y voyez goutte, demandez qu'on vous la raconte cette histoire car il y a fort à voir.



Fils de soie rouges et bleus suspendus, c'est signe de bonne nouvelle.

Le Roi Ogu se marie.

Tortue d'or, Dragons jaunes et bleus, les songes du roi semblent lui souffler de bons présages.

Il sera père...

de sept filles.

Où est l'héritier tant attendu?



Ni une ni deux, les contes ne font pas dans la demi mesure, la septième sera jetée, abandonnée, c'est la goutte qui fait déborder la jarre.

Cette aventure est un conte cruel, pauvres lecteurs.

L'aventure rétablira l'équilibre et le bébé, animé d'une force de vie incroyable, ne gèlera pas sous le froid de l'hiver grâce à la Nature qui l'entourera de bienveillance.

Flûte!

Fichue nature qui donna une septième fille et qui la fit en plus aussi résistante que le bambou!



"Le ciel est ton père, la Terre est ta mère", lui répondirent le couple de personnes âgés qui la sortirent des eaux sept ans auparavant et qui tentaient de se sortirent du pétrin des questions.



Princesse Bari est une tragédie, l'histoire n'est pas une comédie et pourtant, par bien des aspects du livre nous avons envie de rire, d'un humour aussi noir que l'encre.

Comme dans les contes traditionnels, le destin rejette les dés pour donner tort à ceux qui ont mal agi et pour livrer une bonne morale de fin.

Le ciel des Contes est là pour éprouver ses personnages et par ailleurs, peut-être pour nous faire réfléchir un peu.



Plus âgé, le roi est victime d'un mal dont seul un élixir se trouvant de l'autre côté du monde des vivants pourrait le soulager.

C'est "Princesse abandonnée", comme il l'appelle, qu'il fait mander à la cour, moyennant une récompense, afin d'aller récupérer l'eau de source, puisque les six autres soeurs déclinèrent l'offre poliment.

Nul doute que ce conte souhaite nous enseigner l'abnégation.



Emplie d'un coeur qui déborde de pardon et avide d'amour à combler, notre brave Princesse Bari se lance dans la quête de la guérison et passe les épreuves jusqu'au lieu de la source.

Le gardien de la source saura la récompenser comme il se doit: "as-tu apporté le prix de l'élixir, le prix de la route, le prix de la montagne?

- Ah Ciel, j'ai oublié.

-Alors tu puiseras de l'eau pendant 3 ans dans les champs de devant et de derrière..".

Que ce conte est cruel, nous rions de la pauvre comédie.



"Maintenant, on voit bien devant et derrière que tu es une femme. Tu peux donc te marier avec moi et me donner sept enfants."

Le gardien de la source sait parler aux femmes, pas de doute et nous nous questionnons quant à la décision de Princesse Bari devant une offre aussi alléchante.

"Si, c'est pour sauver mon père, je le ferai".

Il n' ya pas à dire, la famille, c'est important.



Les illustrations, superbes, et les couleurs très fraiches offrent la vraie tendresse attendues et cela passe tout seul comme une lettre à la Poste, comme l'on dit.

A la fin du conte est apportée une explication intéressante et précieuse pour saisir le caractère particulier de cette princesse bien connue du répertoire de Contes de Corée.

Il est question de traditions et cela offre une nouvelle perspective, plus respectueuse, une nouvelle lecture à se refaire (même si l'on a bien envie de se la relire telle quelle pour le plaisir ).

Bari est la septième fille d’une famille royale qui espérait un garçon. Ses parents décident de la faire tuer, mais ni le froid, ni la chaleur ne viennent à bout du bébé. Ils décident donc de la noyer. Mais Bari est sauvé par une grue qui l’emmène loin de ses parents. Un jour, le roi tombe malade, et seule Bari se porte volontaire pour aller chercher le remède capable de le soigner. Après être venu à bout des épreuves, elle rendit la vie à ses parents. Après sa mort, elle devint une divinité.

Plus que tout les autres contes coréens que j’ai lu précédemment, j’ai eu l’impression, avec Princesse Bari, de toucher du doigt la culture coréenne. Je pense que c’est pour cela que je ne l’ai pas trop apprécié : il ne correspondait pas au standard des contes que j’ai déjà lu et certaines choses m’ont un petit peu déroutées. A la fin de l’album, une double-page très intéressantes nous explique la place de ce conte dans la culture coréenne.

Les illustrations sortent également de l’ordinaire : l’illustratrice utilise un procédé à base de peinture acrylique et de laque.